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Mazarinade n° A_2_30

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Anonyme [1649 [?]], DISCOVRS SVR LA DEPVTATION DV PARLEMENT, A Mr. le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_1147. Cote locale : A_2_30.


les Images encores toutes fraisches des cruautes horribles
que ce Prince a fait exercer, Quand ie me résouuiens des recits
funestes qu’on m’a fait des actes d’hostilité qu’il a commãdées,
De la desolation des Villes & des Villages, Du violement
des femmes, & des filles, De la profanation des Eglises,
sans respecter le Mystere adorable de nos Autels, Quand
ie treuue icy depuis tantost huict iours que i’y suis arriue, les
marques des traictemens Barbares que ce Prince a fait souffrir
à tant de personnes innocentes ; Mais quand ie songe au
dessein furieux qu’il auoit entrepris de faire perir par le fer,
& par le feu cette grande Ville, la commune patrie de tous
les François, ie ne puis supporter que le Parlement auquel il
doit conte de ses actiõs & de sa vie, le soit aller trouuer pour
luy faire, auec vne bassesse indigne, vne espece de remerciement
des maux horribles qu’il a causez. N’estoit ce pas afin
qu’il fut libre de reuenir à Paris, & qu’on perdist le souuenir
des mouuemens de hayne & d’auersion qu’on auoit conçeu
si iustemẽt contre luy ? Falloit-il encor le receuoir auec pompe
dans nos murailles, & qu’il y soit entré plus glorieux que
s’il y fust entré par la bréche ? Car qu’auroit il fait autre chose
dãs vne victoire sanglante, que de faire nager son cheual,
pour vser de ses termes, dans le sang des Parisiens, & triompher
au si de nos vies, de nos biens, & de nos corps ? Mais
toutes ces choses estoient suiettes par leur condition à l’empire
de la Fortune : nous pouuons perdre auec courage ces
faux biens qui nous sont estrangers, & quand l’iniustice ou
la violence nous les ostent, nous ne perdons rien qui soit à
nous, selon les sentimens mesmes des Philosophes Payens.
 
Il n’y a que l’amour de la Patrie & de la liberté auquel il
n’est pas permis aux gens de bien de pouuoir renoncer, c’est
vn bien qui nous appartient proprement, que l’vsurpation
des Tyrãs ne nous peut rauir ; & que la Nature & la raison, qui
sont les deux puissances legitimes ausquelles nous deuons
nos premiers respects, nous ont confirmée, comme vn depost
sacré qu’elles nous obligent de garder, & de deffendre
iusques à la mort. Celuy qui par foiblesse ou par interest</p>