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Mazarinade n° E_1_65

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Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ. , français, latinRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : E_1_65.


& il n’y eut que Monsieur l’Euesque de Beauuais qui se laissa surprendre
par ses fourbes qui l’ont esloigné de la Cour, & du Conseil
de la Royne : sa Majesté ayant par mal-heur pris plus de creance
en vn homme de cette qualité, qu’en tout ce qu’elle auoit aupres
d’elle de gens de bien & d’honneur ; desquels on esperoit que son
gouuernement seroit aussi plein de Iustice qu’elle auoit témoigné
de zele & de compassion pour les miseres publiques, dans vne vie
priuée.
 
Depuis que sa Majesté l’a appellé au Ministere, a-on veu autre
chose que ieux, que balets, que comedies, que farceurs, que
bouffons, & que traitres dans la maison du Roy ? & ne peut-on
pas dire que tout l’Estat a esté mordu de la Tarantule. C’est vne
beste de son pays, dont la morsure & le chant excitent diuerses
passions : quelques-vns rient & dancent sans suiet, & les autres
pleurent amerement, & tous quelques fois iusques à la mort ; si
elle n’est preuenuë de celle de cet animal immonde. Il en a esté
de mesme souz son administration, & dans nostre seruitude : pendant
que toute la Cour estoit dans des delices imaginaires par ses
enchantemens, les Prouinces gemissoient souz le joug & sous
l’oppression de ses harpies, & cruels comites & ces bourreaux de
l’Estat les tenoient dans vne captiuité plus authorisée que la puissance
legitime que les Roys donnent aux grands qui les gouuernent.
Ils n’ont point esté traittez en sujets par ses Traittans & Partisans,
mais comme des voleurs questionnez & gehennez pour
descouurir la cache de leurs larcins. Enfin, il ne leur restoit qu’vne
ame affligée de la prison d’vn corps qui estoit encore souuent
prisonnier & hors d’estat d’aller chercher vne vie moins miserable
hors du pays natal.
Il a rendu le nom & l’Empire des anciens peuples Francs ridicules
à tous leurs voisins, & méprisables à la posterité, & l’on ne
parlera iamais des Vespres Siciliennes auec tant d’exageration,
que de la licence que nos Princes ont permise au dernier homme
de la plus basse populace de Sicile. Toutes les Histoires nous mettent
ce pays en horreur, nos Roys l’ont eu en abomination, & aucun
d’eux n’a perdu le desir d’expier sur cette nation perfide le
sang de ses suiets victimez dans cette terre de Lestrigons. Ce sang
crie vengeance à sa Patrie par la bouche de ses enfans tourmentez
par ce Phalaris Parlemitain, & vous demande l’execution de l’Arrest
de l’an 1617. si vous ne voulez plutost luy permettre la satisfaction