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Mazarinade n° D_2_13

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Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : D_2_13.



MONSEIGNEVR,
Ie ne suis ny vostre vassal, ny domestique de
vostre Altesse ie suis François, & cette qualité
m’oblige de vous honorer comme Prince du
sang de France, & comme celuy dont les grande
actions ont rendu cet Estat le plus florissant &
le plus glorieux des Royaumes, ie voy que tous les autres ont eu
pareil respect pour vostre merite, & qu’ils ont creu la patrie dans vn
comble de prosperité, quand ils ont veu triompher par vos armes.
Il n’y a persõne qui n’ait fait des vœux pour l’accroissemẽt de vostre
honneur, & pour vostre conseruation : & si vos victoires vous ont
cousté quelque goutte de sang, l’on en a pleuré la perte auec plus
de tendresse, que l’on n’a tesmoigné de joye de l’avantage qui nous
en reuenoit.
Toute la France craignoit pour vous, & pour elle la valeur fatale
des deux fameux Enguiens vos predecesseurs, qu’elle enseuelit auec
tant de larmes dans le printemps de leurs années. Vous estiez ses
delices, & l’esperance de sa protection : Enfin elle se promettoit
tout de vous, & n’aprehendoit rien de ses ennemis. Vous auez esté
la seule consolation qui luy soit restèe de la mort de Monseigneur le
Prince de Conde vostre Pere, où du moins auez vous donné vne
longue intermission au regret éternel qu’elle en deuoit auoir ; par
ce que l’on vous a longtemps veu suiure ses bons sentimens & les
preceptes dans les Conseils.
Vous ne cessiez pas pour cela d’estre le mesme Enguien dans la
guerre, &; vous l’auez auantageusement fait voir à cette fameuse
journée de Lens, ou vous suppléastes auec tãt de bon-heur au mauuais
soin & a l’imprudence de ceux que l’on appelloit nos Ministres.
Vous surmontastes les esperãces que l’on pouuoit auoir d’vne campagne,
au succez de laquelle ils auoient si mal pourueu, que ce ne
fut pas sans sujet, s’ils furent soupçonnez de trahison & d’intelligence
auec nos ennemis. Ie diray encor d’attentat à vostre reputation,