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Mazarinade n° D_2_13

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Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : D_2_13.


& à vostre personne. L’on auoit eu mesme opinion du voyage de
V. A. en Catalogne, où l’on sçait que vous fustes abandonné, &
que l’õ ne vous enuoya rien de tout ce qui estoit necessaire, mesmes
pour y soustenir l’effort que fit l’Espagne, & que la seule presence
du Prince de Conde y maintint nos affaires, & y occupa les forces
destinées pour opposer à la reuolte de Naples si mal mesnagée de
nostre coste.
 
C’est peut estre la principale raison qui nous a émeu contre la
domination tyrannique de Iule Mazarin apres qu’il eut épuise presque
tout le Royaume de ses Finances, l’on n’apprehenda pas sans
raison, qu’il ne precipitast, V. A. dans vn dernier peril ou vostre valeur
succometast sous la force des ennemis, par les artifices parricides
de ce traistre Sicilien.
N’ayant pu vous perdre, & continüant ses pernicieux desseins sur
cét Estat, il a voulu vous gaigner, de crainte que celuy qui auoit pro
digué sa vie pour la France, ne la voulust encore hazarder pour la
déliurer de son oppression. Il estoit asseuré de la facilité de Mr. le
Duc d’Oleans par le moyen d’vn valet qui le gouuerne, & qui estoufe
dans le poinct de sa production tous les bons desirs de S. A. R.
& vous estiez le dernier but de sa politique. Toute l’Europe ne s’estõnera
pas sans suject qu’vn achepteur si mercenaire & si auare, ait pû
s’acquerir vne personne si importante dans vne saison si contraire
& sur le poinct de sa rume.
Vous deuiez estre alors plus offensé, il venoit de liurer aux ennemis
vne des principales cõquestes de vostre A. il marchandoit auec
eux pour la derniére : il ostoit cette recompense à vn Seigneur de
marques, digne d’vn plus grand employ & mettoit dans Ypre la
mesme creature qui auoit perdu Courtray & à qui nos Loix deuoiẽt
faire perdre la teste : bref, comme s’il se fust ouuertement declaré
ialoux & ennemy de vostre gloire, & de vostre reputation il voulut
troubler impudemment les benedictions publiques que l’on vous
donnoir ; & la reiouissance qu’on tesmoignoit dn gain de vostre
derniere bataille, par l’emprisõnement de deux Magistrats, & nous
voulut faire connoistre que vous n’auiez vaincu que la France, ny
combattu que pour l’affermissement de sa tyrannie.
L’énormité d’vne si est ange action émeut les plus timides des
Parisiens. Ils ne croyoient pas qu’il fust possible d’en estre, spectateur