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Mazarinade n° E_1_66

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Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS. A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ. , français, latinRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : E_1_66.


LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS.
MONSEIGNEVR,
Ie ne suis ny vassal, ny domestique de Vostre
Altesse, ie suis François, & cette qualité m’oblige
de vous honorer, comme Prince du Sang de France,
& comme celuy dont les grandes actions ont rendu cet Estat
le plus florissant & le plus glorieux des Royaumes. Ie croy que
tous les autres ont eu pareil respect pour vostre merite, & qu’ils
ont creu la patrie dans vn comble de prosperité, quand ils l’ont
veu triompher par vos armes. Il n’y a personne qui n’ait fait des
vœus pour l’accroissement de vostre honneur, & pour vostre conseruation :
& si vos victoires vous ont cousté quelques gouttes de
sang, l’on en a pleuré la perte auec plus de tendresse, que l’on n’a
témoigné de ioye de l’aduantage qui nous en reuenoit.
Toute la France craignoit pour vous & pour elle la valeur fatale
des deux fameux Enguiens vos predecesseurs, qu’elle enseuelist
auec tant de larmes dans le printemps de leurs années. Vous
estiez ses delices, & l’esperance de sa protection : enfin elle se promettoit
tout de vous, & n’apprehendoit rien de ses ennemis. Vous
auez esté la seule consolation qui luy soit restée de la mort de Mon.
seigneur le Prince de Condé vostre Pere ; ou du moins auez-vous
donné vne longue intermission au regret eternel qu’elle en deuoit
auoir ; parce que l’on vous a long-temps veu suiure ses bons sentiments
& ses preceptes dans les conseils.
Vous ne cessiez pas pour cela d’estre le mesme Enguien dans la
guerre, & vous l’auez aduantageusement fait voir à cette fameuse
iournée de Lens ; où vous suppléâtes auec tant de bon-heur au
mauuais soin, & à l’imprudence de ceux que l’on appelloit nos Ministres.
Vous surmontates les esperances que l’on pouuoit auoir
d’vne campagne, au succez de laquelle ils auoient si mal pourueu ;
que ce ne fut pas sans suiet, s’ils furent soupçonnez de trahison