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Mazarinade n° B_17_13

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Faure,? [?] = Arnauld d'Andilly, Robert [?] [1652], LA VERITE TOVTE NVË, OV ADVIS SINCERE & des-interessé, sur les veritables causes des maux de l’Estat, & les moyens d’y apporter le remede. , françaisRéférence RIM : M0_4007. Cote locale : B_17_13.


Parlemens ? & par vne audace criminelle ne pretend rien moins que de s’eriger,
sinon de nom, au moins par effect, en tuteur des Roys. En quoy ie
n’entens nullement parler de ceux qui ne s’estans iamais départis du respect
qu’ils doiuent à leur Souuerain, ont gemy en leur cœur, & tesmoigné sur
leur visage & dans leurs aduis, la douleur qu’ils ressentoient de l’strange esgarement
de leurs Confreres ; mais de ceux qui font gloire de porter cét infame
nom de Frondeurs, qui sera en horreur à toute la posterité, & dont
Broussel est le Patriarche.
 
Le Coadjuteur de Paris d’ont l’ambition n’a point de bornes, ne pouuant
se resoudre d’attendre que le temps l’éleuast à la dignité que sa naissance,
son esprit, & sa charge pouuoient iustement luy faire esperer, fut rauy de
rencontrer cette occasion. Et ainsi au lieu de ietter de l’eau pour tascher d’esteindre
le feu qui s’allumoit dans cette capitale du Royaume, qui doit vn
iour estre son siege, il y ietta de l’huyle pour en accroistre l’embrasement :
& a enfin reüssy si heureusement, ou pour mieux dire si malheureusement
dans son dessein, qu’il a esté honoré de cette pourpre qui le deshore, estant
teinte, comme elle est, du sang qui inonde aujourd’hny toute la France par
cette cruelle guerre ciuile, dont il est l’vne des principales causes, & faisant
voir par l’vn des plus pernicieux exemples qui fut iamais, que cette eminente
dignité, au lieu d’estre en sa personne la recompense d’vn grand seruice,
est la recompense d’vn grand crime.
Ce seroit icy le lieu de parler des Barricades & du siege de Paris. Mais
comme ils ne sont que trop connus de tout le monde par les malheureux effects
qu’ils ont produits, il me suffira de dire, que peu de gens ont remarqué
ce me semble, que le Roy n’en voulant qu’au Parlement, & non pas à Paris,
ils n’eurent en effect pour cause, que ce que Paris prit la querelle du Parlement
contre le Roy.
Apres que ce grand orage fut passé, & qu’il sembloit qu’on deust iouyr de
quelque calme, ceux qui ne pouuoient esperer d’arriuer promptement que
par le trouble au but ou leur ambition les portoit, s’aduiserent de l’affaire de
Ioly, & choisirent la Boulaye pour exciter sous ce pretexte, par vn crime qui
meritoit mille roües, vne sedition generale dans Paris. Monsieur le Prince
tesmoigna chaleur pour le chastiment des coupables, & demanda iustice
pour luy mesme, sur l’opinion qu’il eut auec beaucoup d’aparence, qu’apres
auoir manqué le dessein d’exciter vne sedition, ils l’auoient voulu faire assassiner.
C’est icy où ceux qui viendront apres nous auront peine à croire,
que la trahison & la perfidie ait pû aller aussi auant que le Cardinal fut capable
de la porter. Car en mesme temps qu’il tesmoignoit d’estre entierement
attaché à Monsieur le Prince depuis s’estre accommodé auec luy par l’entremise
de Monsieur le Duc d’Orleans, & l’animoit à perdre le Coadjuteur,
dont il se declaroit l’ennemy mortel, en approfondissant l’affaire de la Boulaye
& l’assassinat qu’il croyoit auoir esté entrepris contre sa personne, il traittoit
en ce mesme temps auec le Coadjuteur, & tous les autres ennemis iurez
de Monsieur le Prince ; pour arrester Monsieur le Prince : & huict iours auparauant
sa detention, qui estoit resoluë il y auoit desia quinze iours & qu’on
cherchoit à tous momens l’occasion d’executer, il luy donna vn escrit de sa
main & signé de luy, aux asseurances duquel il estoit absolument impossible
de rien adiouster. Ainsi lors que Monsieur le Prince auoit suiet de se croire le