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Mazarinade n° B_10_7

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Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652], LE VRAY-SEMBLABLE SVR LA CONDVITE DE MONSEIGNEVR LE CARDINAL DE RETZ. , françaisRéférence RIM : M0_4081. Cote locale : B_10_7.


que le C. de Rets, qui tiroit toute sa consideration de celle de Monsieur,
ait eu sujet de se réjouyr de la retraite de Monsieur de Lorraine, & que
Monsieur le Prince eu raison de s’en affliger, cela peut estre vray, mais
il faut aduoüer que cela n’est pas vray-semblable.
 
Quand on n’a pas de faits particuliers à appuyer, on se jette d’ordinaire
dans des inuectiues generales, on s’abandonne à sa passion & l’on
donne de fausses couleurs auec lesquelles on essaye de déguiser les veritables
apparences. Le C. de Rets passe dans la reputation du mõde pour
ne pas manquer de force & de vigueur, sous ce pretexte les mesmes personnes
qui l’accuseroient s’il leur plaisoit de foiblesse, l’accusent de violence
essayent de le decrier comme vn esprit trop altier & trop ferme, le
traitent de de méchant, luy font cõceuoir des desseins tyrãniques, & exhalent
en iniures la rage que peut estre ils ont conceu de l’auoir pas
fait plier, par leur menaces, & de ne l’auoir pû tromper par leurs artifices.
Ie ne le connois point, ie ne iuge de son naturel que par les apparẽces,
ie suy le dessein de mon ouurage, & sur ce projet apres beaucoup de
reflexiõs, ie me cõnains moy-mesme par l’innocẽce de sa cõduite. Quelle
apparence qu’vn esprit qui ne respire que le le sang & carnage, se soit
convenu dans l’espace de quatre années pleines de grans mouuemens,
dans lesquelles il a tenu vne des places plus considerables, ce soit dis-je
contenu dans vne moderation si reguliere qu’il ait enfermé dãs son cœur
toute, sa violence sans en faire iamais esclater vne seule action dãs
le public : Est-il possible qu’vne ame de ceste trempe soit tousiours demeurée
dans la deffensiue, mesmes dans les temps où il n’a manqué ny
d’occasiõ ny de pretexte pour iustifier l’offensiue ? Est-il croyable qu’vn
emporté ait temoigné si peu de ressentiment des injures receuës, desquelles
il a trouué tant de lieu de se venger, où est le sang respandu par
ses conseils a-il eu part au massacre de l’Hostel de Ville, qui regnera aux
siecles à venir dãs le cœur de tous les bons François, qui demande iustice
au Ciel, & qui doit animer la terre contre vn crime si noir & si tragique :
Le C. de Rets a-il part à toutes ses cruautez, à toutes ses inhumanitez
effroyables qui ont esté souffertes dans les portes de Paris, qui ont
osté les enfans aux peres, les peres aux enfans, qui ont rauagé nos campagnes :
qui ont deserté nos Villes, qui ont prophané nos Autels : ie ne
sçay pas si le C. de Rets a essayé de nous fairerons ces maux quãd il s’est
meslé de nos affaires, & quãd le siege de Paris nous les pouuoit faire apprehẽder
auec plus de sujet qu’il n’y en a paru dãs ces derniers troubles,
mais s’il en a eu le dessein, il faut auouër qu’il a esté bien heureux de n’y
auoir pas reüssi quãd il n’y auroit que l’ordre que l’on a veu dans toutes
les choses ausquelles il a eu part ; On ne sçauroit sans passer pour calomniateur,
blâmer sa conduite de violence, les euenemens sont pour luy,
toutes les apparences luy sont fauorables, & il me semble que le passé ne