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Mazarinade n° A_2_16

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Le Solitaire [signé] = Arnauld d'Andilly, Robert [?] [1649], ADVIS D’ESTAT A LA REYNE, Sur le gouuernement de sa Regence. , françaisRéférence RIM : M0_498. Cote locale : A_2_16.


dautant que le Turc entrant en Italie, comme l’on apprehendoit
qu’il ne fist alors, la France ne donneroit aucun secours contre les
ennemis de la Foy, s’il n’estoit compris dans la premiere promotion.
Cette façon d’agir des deux freres irrita tellement l’esprit du Pape,
qu’il declara hautement aux Ministres du Roy qu’il ne le feroit point
Cardinal. V. M. peut se ressouuenir auec quelle effronterie & impudence,
& contre la verité, ce Moine donnoit asseurance par les
lettres qu’il escriuoit au Cardinal son frere, que le Pape estoit entierement
disposé à luy donner le Chapeau, moyennant qu’il pleust
à V. M. de le nommer à sa Saincteté, & luy enuoyer des lettres de recommandation.
Fourberie par luy prattiquée pour engager V. M.
dans vne affaire de si haute importance, où la reputation & le credit
du Roy doiuẽt estre ménagez sans les hazarder. En quoy le Cardinal
Mazarin s’est monstré tres-imprudent, d’auoir creu si legerement à
son frere, de la prud’hommie & bonne conduite duquel il se défioit,
& que mesme il mesestimoit entierement. Ce refus du Pape
excita vne passion dans l’esprit du Cardinal Mazarin telle, qu’il se resolut
de venger l’affront qu’il auoit receu, & il commença de nouueau
à faire ses pratiques, & renoüer l’intelligence auec les Cardinaux
Barberins. Il leur offrit la protection du Roy, pour les garentir
des recherches que sa Saincteté faisoit contr’eux, accusez d’auoir
abusé de l’authorité du Pape Vrbain VIII. leur oncle dans l’administration
de l’Estat de l’Eglise. Il les reçoit en France, il les fait venir à
la Cour, & contracte alliance auec ceux qu’il auoit declarez ennemis
de l’Estat. Il est tres-difficile, MADAME, que Monsieur le Cardinal
Mazarin puisse faire approuuer par les sages l’inégalité de son humeur,
qui luy a fait faire en si peu de temps des choses si contraires
les vnes aux autres ; & telle legereté d’esprit en chose de si haute importance
n’est pas compatible auec le bon sens que doit auoir vn
premier Ministre d’Estat. Les Princes d’Italie, dont le moindre
n’auroit pas voulu se seruir de luy pour Intendant de ses affaires domestiques,
bien loin de luy donner l’administration de son Estat,
ont jusques icy consideré la France auec estonnement ; & n’ont encores
pû comprendre comment V. M. & les Princes du sang auiez
confié la conduite de l’Estat à ce Ministre, par eux tenu trop foible
pour soustenir le faix d’vne si grande Monarchie. Ie supplie aussi
tres-humblement V. M. de considerer la suite des actions du Cardinal