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Mazarinade n° A_3_56

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Anonyme [1649 [?]], LA FRANCE DESOLEE AVX PIEDS DV ROY. Où le Gouuernement Tyrannique de Mazarin est succinctement descrit. , français, latinRéférence RIM : M0_1423. Cote locale : A_3_56.


y a introduit des jeux de hazard, qui nous estoient inconnus. Et
les vices contre nature, qui estant iadis en tres grande horreur en
ce Royaume, & punis sans remission, sont à present familiers dans
l’vsage ; & ceux qui frequentent les Italiens qui sont venus à la
Cour auec ce monstre, les mettent à present en pratique, & ne
cessent d’en parler ouuertement, & d’en faire des railleries parmy
eux. Ce qui est vne chose horrible deuant Dieu, & les hommes, &
qui ne peut estre reparée & punie que par le feu.
 
Et auec tout cela, grand Dieu, vostre bonté & vostre patience
sont si grandes, que vous auez esleué au dessus dé tous les gens de
bien vn si prodigieux & si execrable vipere ; & vostre diuine Prouidence
a permis qu’il receust tant de gloire, que d’estre le premier
Ministre de ce grand Monarque, aux pieds duquel ie déplore mon
desastre auec le sien : pource que ie vois cette ieune & admirable
plante, qui me doit regir, estre à present gouuernée par des mains si
impies, & si sacrileges, que i’apprehende qu’elles ne corrompent
les belles qualitez que la nature liberale a eslargies à ce ieune Roy.
Et ce qui me fait aussi prosterner à vos pieds, SIRE, c’est que ie vous
coniure par l’amitié que vous estes obligé de me porter, qu’il vous
plaise de me presenter à la Reyne vostre Mere, afin que ioignant vos
prieres à mes tres humbles gemissemens, son cœur puisse estre attendry
par l’obiect pitoyable de ma misere : & que me voyant maigre,
abbatuë, & tourmentée par mes propres, & par mes plus chers
enfans, qui suiuans les sentimens, & appuyans la Tyrannie de ce
diabolique Ministre, me donnent à present tous les iours des impitoyables
coups de dague dans le sein, & en tirent auec vne rage &
fureur desnaturée mes pauures entrailles, pour en contenter l’auidité
des nations estrangeres armées à ma ruine ; Qu’il vous plaise,
dis-je, grand Roy, qui auez accoustumé d’estre le sacré Protecteur
des Princes affligez, de me mettre sous vostre sauue-garde, moy
qui suis vostre fille, vostre heritage, & vostre plus ferme appuy ; ne
souffrez pas que ie meure, auparauant que vous auoir rendu aussi
glorieux que vos Ancestres. Et pour cet effect, priez, suppliez, &
coniurez vostre sacrée Mere de chasser ce mal heureux & perfide
Ministre, qui vous cause tant de mal & qui a coniuré ma perte,
non seulement par la continuelle guerre qu’il entretient par toute
la Chrestienté ; mais aussi par celle qu’il a commencée dans le
milieu de vostre Royaume en vous enleuaut de vostre lit,
de vostre trosne, & du milieu de vostre bonne ville de Paris,