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Mazarinade n° A_3_56

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Anonyme [1649 [?]], LA FRANCE DESOLEE AVX PIEDS DV ROY. Où le Gouuernement Tyrannique de Mazarin est succinctement descrit. , français, latinRéférence RIM : M0_1423. Cote locale : A_3_56.


de mon repos & de ma felicité. Et lors que ie considerois les
faueurs admirables, & les benedictions que Dieu luy a si abondamment
départies ; en la faisant naistre sur le throsne d’Espagne, pour
l’esleuer sur celuy de la France, qui est le plus haut comble de toutes
les puissances humaines, pour la rendre mere bien heureuse de
vostre Majesté, & regente de vostre personne & de vos Estats : le
Ciel l’ayant fauorisée de toutes ces graces, en vn temps auquel i’estois
victorieuse de tous les peuples de l’Europe, & que mes Generaux,
& particulierement les Princes de vostre sang rendoient de
tous les costez vos aimes victorieuses & redoutables. En sorte que
cette bõne Reine affermissant le Sceptre des Fleurs de Lys entre les
mains de vostre Maiesté, pouuoit, cõme cette illustre veufue Debora,
dont parle l’Escriture rendre la justice à l’ombre des palmes &
des lauriers, que nos vaillãs guerriers ceuilloient de tous les costez.
 
Ie pensois, dis-je, que les reflexions Chrestiennes, que ceste
grande Princesse feroit sur tant de faueurs celestes, l’obligeroient à
en estre recõnoissante enuers la Diuinité qui les luy auoit départies,
& qu’ayant esté si souuent prosternée deuant ses Autels pour obtenir
par ses prieres, la paix generale de la Chrestienté, lors qu’elle n’auoit
pas les moyens pour la faire ; Elle en ietteroit les salutaires fondements
au mesme instant qu’elle en auroit le pouuoir. Et ainsi elle
auroit attiré sur sa teste & sur celle de vostre Majesté, les loüanges
& les benedictions de toutes les nations de la Terre, & auroit esleué
sa gloire au plus haut faiste du Temple de l’Eternité ; auec les
augustes tiltres qu’elle se seroit acquisde Princesse de la Paix, & de Restauratrice
de la France ; Et tirant le plus grand de tous ses auantages
d’estre Mere de V. Majesté, Elle le seroit encore deuenuë de tous
les peuples qui composent ceste Monarchie, & ie l’aurois tousiours
nommée la Source feconde de tout mon bon-heur.
Mais helas ! ie ne sçay quel astre malin enuieux de mes prosperitez,
a changé mes esperances, en changeant l’esprit & les volontez
de ceste bonne Reine. Car au lieu de voir fleurir l’Oliue sous sa
Regence, comme il y auoit sujet d’esperer ; i’ay eu le regret de voir
son authorité & la vostre par consequent tomber sous vn faisceau de
verges de chesne, qui est le symbole de la guerre ; & sous la hache
cruelle d’vn impitoyable Tyran Sicilien, qui ayant obsedé l’esprit
de cette grande Princesse, a changé ses bonnes intentions, & luy
persuadant que tous ses soins & ses trauaux ne tendoient qu’à conseruer
l’authorité Royale & la grandeur de l’Estat, il a si bien sceu captiuer