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Mazarinade n° A_3_56

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Anonyme [1649 [?]], LA FRANCE DESOLEE AVX PIEDS DV ROY. Où le Gouuernement Tyrannique de Mazarin est succinctement descrit. , français, latinRéférence RIM : M0_1423. Cote locale : A_3_56.


son cœur, & se mettre dans son estime, qu’elle s’est démise
de toute sa Regence entre les mains de ce rusé & traistre Ministre,
que ie puis à present nommer auec iuste raison, le flambeau funeste,
qui m’embraze les entrailles : & là Furie infernale, qui seme la discorde
& la diuision parmy mes enfans qui sont vos sujets ; C’est cet
insolent & ingrat Mazarin, indigne de l’eminente dignité, dont le
feu Roy l’a reuestu, qui m’ayant toute l’obligation de sa prodigieuse
fortune & de sa grandeur, s’en sert à present comme vn desnaturé
vipere, à me percer le flanc, & à me deschirer le cœur, & à
y verser le plus mortel poison que sa rage puisse conceuoir, pour
m’arracher cette mourante vie qui me reste, apres auoir desia causé
vne extreme foiblesse à tous mes membres, en tirant le sang &
la substance de mes os, pour en gorger son insatiable auarice.
 
Ouy, c’est ce perfide & ce malheureux Ministre Estranger, qui
ayant depoüillé l’humanité, a rendu par ses conseils iniques, vostre
bonne Mere, en quelque façon coupable du crime de la guerre, encore
qu’elle ne l’ait pas allumée, en abusant, comme il a fait, de sa
trop grande facilité, & l’obligeant à rompre deux ou trois fois, les
doux accords & les amiables traittez d’vne paix generale, que nos
Plenipotentiaires auoient accordée à Munster, à la gloire de vostre
Couronne, & à celle de tous les François.
Est-il possible, bon Dieu, que pour nous affliger, & nous chastier
de nos iniquitez, vous ayez voulu ébloüir les yeux de cette
sage Reine, & luy ayez empesché de connoistre la malice cachée
& les desseins frauduleux de cette Harpie, qui n’a fomenté le trouble
& la discorde, que pour auoir vn pretexte apparent, d’exiger &
d’amasser tous mes tresors, par le moyen de mille mal-heureux partisans
qui ont esté ses fauorits & ses supposts, pour les transporter en
Italie, & puis se mocquer à son aise de nostre stupidité. Et sa noire
& auide cruauté est allée iusques à vn tel point contre vostre Monarchie,
qu’on peut dire qu’il auoit fait dessein de la perdre & de la
damner, puis qu’il en a enleué tous les iustes ; & qu’il y a suscité dix
mille execrables parricides, pour la détruire de fonds en comble, &
nous oster le dernier Louys ; faisant assez connoistre par ce moyen,
qu’il a tousiours beaucoup plus aimé vostre figure, que vostre personne,
& que son horrible auarice (que tous les tresors des Indes ne
pourroient rassasier,) luy a fait preferer son interest à la gloire de
vostre Estat, & au soulagement de vos miserables Sujets, que ses rapines
si souuent redoublées ont mis aux derniers abois.