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Mazarinade n° C_5_13

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Anonyme [1649 [?]], LA FRANCE DESOLÉE AVX PIEDS DV ROY : OV LE GOVVERNEMENT TYRANNIQVE de Mazarin est succinctement descrit. , français, latinRéférence RIM : M0_1423. Cote locale : C_5_13.


de mon repos & de ma felicité. Et lors que ie considerois les
faueurs admirables, & les benedictions que Dieu luy a si abondamment
départies ; en la faisant naistre sur le throsne d’Espagne, pour
l’esleuer sur celuy de la France, qui est le plus haut comble de toutes
les puissances humaines, pour la rendre Mere bien heureuse de
vostre Maiesté, & Regente de vostre personne & de vos Estats : le
Ciel l’ayant fauorisée de toutes ces graces, en vn temps auquel i’estois
victorieuse de tous les peuples de l’Europe, & que mes Generaux,
& particulierement les Princes de vostre sang rendoient de
tous les costez vos armes victorieuses & redoutables. En sorte que
cette bonne Reine affermissant le Sceptre des Fleurs de Lys entre les
mains de vostre Maiesté, pouuoit, comme cette illustre vefue Debora,
dont parle l’Escriture, rendre la iustice à l’ombre des palmes &
des lauriers, que nos vaillans guerriers cueilloient de tous les costez.
 
Ie pensois, dis-ie, que les reflexions Chrestiennes, que cette grande
Princesse feroit sur tant de faueurs celestes, l’obligeroient à en
estre reconnoissante enuers la Diuinité qui les luy auoit départies,
& qu’ayant esté si souuent prosternée deuant ses Autels pour obtenir
par ses prieres, la paix generale de la Chrestiente, lors qu’elle n’auoit
pas les moyens pour la faire ; Elle en ietteroit les salutaires fondements
au mesme instant qu’elle en auroit le pouuoir. Et ainsi elle
auroit attiré sur sa teste & sur celle de vostre Maiesté, les loüanges &
les benedictions de toutes les Nations de la terre, & auroit éleué sa
gloire au plus haut faiste du Temple de l’Eternité ; auec les augustes
tiltres qu’elle se seroit acquis de Princesse de la Paix, & de Restauratrice
de la France ; Et tirant le plus grand de tous ses auantages d’estre
Mere de vostre Maiesté. Elle le seroit encore deuenuë de tous les
peuples qui composent cette Monarchie, & ie l’aurois tousiours
nommée la Source seconde de tout mon bon-heur.
Mais helas ! ie ne sçay quel astre malin enuieux de mes prosperitez,
a changé mes esperances, en changeant l’esprit & les volontez
de cette bonne Reine. Car au lieu de voir fleurir l’Oliue sous sa
Regence, comme il y auoit suiet d’esperer ; i’ay eu le regret de voir
son authorité, & la vostre par consequent, tomber sous vn faisceau
de verges de chesne, qui est le symbole de la guerre ; & sous la hache
cruelle d’vn impitoyable Tyran Sicilien, qui ayant obsedé l’esprit
de cette grande Princesse, a changé ses bonnes intentions, & luy
persuadant que tous ses soins & ses trauaux ne tendoient qu’à conseruer
l’authorité Royale & la grandeur de l’Estat, il a si bien sceu captiuer