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Mazarinade n° C_5_20

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Anonyme [1649], LA FRANCE VICTORIEVSE AV ROY, OV PANEGIRIQVE. DEDIÉ A SA MAIESTÉ. , françaisRéférence RIM : M0_1446. Cote locale : C_5_20.


bien que la valeur d’Aiax qui luy disputoit, surpassast
la sienne infiniment : la Tragedie d’Antigone, acquist
à Sophocle son autheur le gouuernement de Samos, qui
luy fut donné par les Atheniens, charmez de la beauté de
cét ouurage, & Ciceron par la force de son discours, gagnoit
tellement les esprits des Senateurs, qu’il emportoit
à son aduantage toutes les causes qu’il entreprenoit. Cette
ancienne fiction d’vn Hercule Gaulois, de la bouche
duquel sortoient plusieurs chaisnes d’or & d’argent, dont
il menoit en laisse des hommes attachez, par le cœur & les
oreilles, fait voir clairement le merueilleux pouuoir de l’Eloquence,
à l’aduantage des François, ausquels elle semble
estre infuse par priuilege sur toutes les autres nations.
 
Il est donc bien raisonnable, mon Prince, qu’elle paroisse
en triomphe, puis que tant de doctes Predicateurs, attirent
tous les iours par ses charmes secrets, les ames au chemin
de la grace, que tant de sçauaus Aduocats, soustiennent
par ses raisons, le droit des parsonnes oppressées, &
que tant de fameux Escriuains nous communiquent dans
leurs Ouurages ses plus secrettes faueurs ;
 
L’Eloquence est enfin la Reine des Esprits,
Qui sur tous les beaux arts doit emporter le prix.
 
La troisiesme Deesse qui sert de guide à mon carosse est
la Fortune, non pas cette inconstante que depeint Marc
Aurelle, qui destruit les murs les plus hauts esleuez, releue
les mazures, peuple les deserts inhabitez, dépeuple les
villes habitées, qui fait les ennemis amis, & les amis ennemis,
qui vainc les victorieux, qui fait de traistres les fidelles,
& des fidelles les perfides, qui reuolte les Royaumes,
defait les armées, abbat les Roys, esleue les tyrans, donne
vie aux morts, & enterre les viuans ; Mais plutost cette fortune
dont parle Pausanias, l’effigie de laquelle tenoit entre
ses bras Plutus, fils de Cerez, & de Iasius en âge de petit