[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_5_34

Image de la page

Anonyme [1649], LA GVYENNE AVX PIEDS DV ROY, QVI SE PLAINT DE SES ENFANS, ET QVI DEMANDE A SA MAIESTÉ la continuation de la Paix interrompuë. Discours Moral & Politique, qui monstre l’obeyssance que l’on doit aux Roys, & l’obligation à quoy leurs Majestez sont engagées d’aimer, & de conseruer leurs Peuples, dont ils sont les Protecteurs, & les Peres. , françaisRéférence RIM : M0_1536. Cote locale : C_5_34.


tous les iours les afflictions extrémes, & la deplorable
condition du pauure Laboureur, nostre vray nourricier,
auquel continuellement on rauit le pain d’entre ses
mains ; pain detrempé de sa sueur, de ses larmes, & de
son sang, sans compter toutes les barbaries du soldat,
& la charge des Tailles excessiues, leuées ordinairement
de part & d’autre ; sans compter mille autres extorsions
pleines de cruauté & de barbarie ? Comme les
mauuaises humeurs du corps tombent ordinairement
sur les plus basses parties, qui sont les pieds ; ainsi les
plus vicieuses humeurs de l’Estat, retombent coustumierement
sur le pauure peuple, qui en est le pied, la
base, & le fondement. Pauure Peuple ! helas ? ie pleurs,
ie prie, & crie pour toy ; car tu ressembles au Crocodil,
tu as bien des yeux pour pleurer, mais tu n’as point de
langue pour parler, ny te plaindre. O Dieu ! quel remede
à tant de mal-heurs ! Car si parmy ces fureurs ciuilles,
on s’oppose vigoureusement aux desseins pernicieux
des meschans, il n’y a rien de cruel, à quoy les
hommes ne se portent, voire iusques à se dépoüiller de
toute humanité, pour exercer tout ce que peut la dissolution
en villainies, la cruauté en tourment, l’auarice
en rapines, & l’orgueil en contumelies. Tellement que
le bon Bourgeois ne peut faire estat de ses biens, ne
peut s’asseurer que la chasteté de sa femme ne soit point
violée, la pudicité de ses filles rauie, & se couchant le
soir, ne peut se promettre d’estre le matin en vie, ayant
à tous momens la mort deuant ses yeux, ou plustost vne
vie languissante en captiuité, se representant à toute
heure vne cruelle prison, qui par le feu, qui par le fer,
par la soif, par la faim, & qui par l’horreur des tenebres,
exprime tout le suc & le sang du miserable captif. Guerre
ciuile, tu es vn feu qui s’attache à la maison, dont il
faut qu’on abate le toict, afin de sauuer le reste, couper
chemin à la flamme, & preseruer les edifices voisins !
Feu, dis-je, qui vas consumant petit à petit les fortunes,