[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_4_19

Image de la page

Anonyme [1649], LA HARANGVE DES PROVINCIAVX FAITE A LA REINE POVR LE PROCHAIN retour du ROY en sa bonne ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_1557. Cote locale : A_4_19.


il faut que les Princes se cachent qua si toute leur vie.
Il y a quelque imperfection, ou dans tels subjets ou dans tels
Souuerains qui les oblige à cette longue & indecente solitude.
Graces à Dieu, MADAME, nous ne croyons pas
qu’on puisse taxer, ny nostre Roy ny nous de deffaux, qui
nous défandent de le voir. Le ciel l’ayant comblé de toutes
les grandes qualitez qui sont necessaires à vn si grand Monarque ;
il ne nous a pas desnié celles qu’il falloit à tel subjets
que nous. Nostre Prince est aymable & charmant plus que
Prince de l’Vniuers. Nous l’aymons aussi beaucoup & nous
ne demandons qu’à le voir pour le cherir plus que iamais
subjets ne cherirent Monarque. Nous souhaitons auec excez
d’ardeur que ce noble objet vienne encor plus emouuoir
de tendres puissances. Nous voulons luy abandonner
tous nos cœurs, ou si nous voulons y reseruer quelque espace
pour les choses du monde ce n’est que pour vous.
 
Certes, MADAME, vous deuez vous laisser vaincre
à la iuste violence de nos desirs, & ramener nostre Roy
dans le siege de son Empire, pour luy faire ioüir du repos.
Les tendresses d’vne si bonne mere peuuent-elles bien permettre
que son ieune fils soit exposé aux fatigues d’vn continuel
voyage : Attendez, MADAME, que la force luy facilite
la peine que vous luy faites prendre, & n’exposez point
auant le temps vn corps tendre que l’agitation & le trauail
peut mettre par force en l’estat d’vn repos dangereux & funeste.
Si ce malheur estoit arriué, MADAME, & que nostre
ieune Prince tombast malade, tous ses subjets allarmez
ce prendroient à vous de ce qu’auroit fait sans vous la Puissance
celeste : & vous seriez doublement malheureuse d’auoir
à souffrir les douleurs d’vne Reine & celle d’vne mere,
les reproches d’vn peuple & les sentimens de la nature. Que
si le Ciel arriuoit à nous le rauir ( Dieu nous en garde) auriez
vous assez de constance pour souffrir tous les reproches &
du sang & de ce Royaume ? vous mesmes ne vous ioindriez-vous
pas auec nous pour vous accuser de l’auoir mal conserué,
& ne vous auouëriez vous pas digne de vostre propre