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Mazarinade n° A_4_19

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Anonyme [1649], LA HARANGVE DES PROVINCIAVX FAITE A LA REINE POVR LE PROCHAIN retour du ROY en sa bonne ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_1557. Cote locale : A_4_19.


point en vous de marques ny de traits qui ne soient facilement
effacez par leur sang & par leurs larmes, & comme
les Roys doiuent estre les protecteurs de leurs peuples, ils
n’en voudront point reconnoistre ou ils n’auront point treuué
de protecteurs.
 
Vous sçauez, MADAME, que les exemples de rebellions
ne sont que trop voisins & trop recens. Quand la necessité
ce voit fortifiée de pareils exemples elle ne s’arreste pas facilement.
Quand le malheur contraint & que quelque chose
l’approuue, il n’y a rien de si tost entrepris ny de si tost
fait. Combien a-on veu changer de gouuernemens de cette
façon. C’est presques d’ordinaire par où ils se changent tous
& ce qui fait des Republiques des Royaumes.
Ie ne veux pas presager ce malheur en vn Royaume qui a
si long-temps duré. I’ay combatu moy mesme de l’extréme
respect que nous deuions à nos Souuerains. Toutefois la durée
de cette Monarchie que i’allegue en sa faueur luy pourroit
estre aussi funeste qu’auantageuse. Plus les choses ont
subsisté selon l’ordre de l’Vniuers & moins doiuent elles
subsister, & pource qu’il n’y a rien au monde qui n’aye ces
deux termes, plus il y a de temps qu’on est party de l’vn &
plutost doit-on arriuer à l’autre. N’entrons point dans vne
pensée si fascheuse, mais reprenons celle de vos cruels seruiteurs
qui nous y a portez. Ce sont leurs barbaries, qui menassent
cét Estat de sa decadence qui portent toutes les
parties sur le precipice & le rendent tout prest à choir. Certes
si le Roy estoit à Paris quelques cruels qu’ils peussent
estre on pourroit encore supporter plus patiemment son
malheur. On s’imagineroit que leur rage seroit quelque
chose de necessaire au bien de l’Estat. On croiroit que les
soldats viuent de la sorte, pource qu’ils ne peuuent estre
payez. Qu’il faut qu’ils se rafraichissent & se fortifient pour
aller combattre. Que de toutes les petites deroutes doiuent
arriuer de grandes victoires. Que pour le bien public
il ne faut pas considerer la perte de quelques particuliers, &
qu’enfin mesme dans vn besoin pour le salut de la patrie il ne