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Mazarinade n° C_1_15

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Anonyme [1649], LA MISERABLE CHEVTE DV MINISTRE D’ESTAT ESTRANGER. ET SON BANNISSEMENT, SA FVITTE premeditée, & sa retraite en Turquie. , françaisRéférence RIM : M0_2483. Cote locale : C_1_15.


qui ne se peut plaire à voir le Soleil, bien que la
nature luy ait donné des yeux pour le discerner ? Qui
dois-je accuser de mon mal-heur que moy mesme ?
Ne me deuoit il pas suffire de trahir le Roy, de tromper
la Reyne, de piller les Thresors du Royaume, &
de faire mourir de faim & de misere ses sujets, sans entre
prẽdre auec trop d’audace & de temerité, cét Auguste
Parlement de Paris, qui pour conseruer l’authorité
de son Monarque, des-assujettir de ma Tyrannie ses
pauures peuples, & empescher sa patrie de ruine, m’a
d’vn seul coup de foudre fait choir du plus haut de
mon bon-heur, au plus bas de la disgrace & de l’infortune.
 
Puis qu’auec ce fameux Senat, ie voy encore toute
la France animée de fureur & de vengeance contre
moy, pour ce que par mes insignes trahisons, ie l’ay
mise en desolation & en troubles, à quoy me puis-je
resoudre en cette extremité ? Mes enormes crimes
me font sans cesse craindre & redouter le Ciel, la terre,
l’eau, l’air & le feu.
Si ie pense acourir vers le Paradis, ie me represente
aussi tost que mes impietez me l’ayant rendu
inaccessible, me l’ont fait mon mortel aduersaire ?
Si ie me dispose à me retirer en quelque endroit que
ce soit de la Chrestienté, i’y voy tout le monde armé
pour me faire la guerre ? La mer ne desire rien tant
qu’à me voir faire naufrage dans ses on des. L’air voudroit
volontiers s’infecter à cause de moy, pour
m’empoisonner par ses vapeurs mortelles. Le feu n’a
point de plus belle matiere pour brûler, que de deuorer