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Mazarinade n° A_6_53

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Anonyme [1649], LA PAIX EN SON THROSNE DE GLOIRE, OV LA CORNE D’ABONDANCE apportée du Ciel à tous les bons François, par l’Ange Tutelaire de ce Royaume. , françaisRéférence RIM : M0_2649. Cote locale : A_6_53.


& à les defaire, que par les commandemens que sa diuine
Sagesse luy en auoit fait luy-mesme ? Si vne guerre entreprise par
vn Decret inuiolable, comme celuy de ce Souuerain Seigneur,
fut capable de mettre ce genereux Prince en quelque espece de
disgrace, que ne feront pas toutes celles que la vanité ou l’interest
particulier, nous fait faire contre nos parens, nos alliez, & nos
compatriotes, pour assouuir la rage & la cupidité de ceux qui en
sont la cause ? Si vn Roy que Dieu trouuoit selon son cœur, & qui
n’auoit pris les armes que pour sa gloire, par ses ordres, & pour la
defense de sa cause, se trouua soüillé deuant sa diuine Majesté,
d’auoir espanché le sang des Peuples qui estoient mesme dans sa
haine, & qu’vne equitable reprobation exposoit à la fureur de ce
Prince ; quelle source de grace ne faudra t’il pas que Dieu fasse
ruisseller de sa diuine misericorde, pour lauer l’énormité des crimes
de ceux qui traittent injustement ses seruiteurs & leurs propres
freres, auec des cruautez si prodigieuses ? Ce diuin Sauueur
de nos ames n’a respandu son sang que pour conseruer le nostre,
contre les maximes du siecle. Cét vnique Reparateur de la Nature
pouuoit bien enuoyer vn deluge vniuersel de feu & de flame
sur toute la terre, pour se venger des outrages qu’il auoit receus
des hommes : mais il aima mieux s’exposer luy-mesme à la mercy
de toutes les rages infernales, & employer les traits de sa Clemence
sur des ames si criminelles pour leur salut, que les foudres
de son indignation sur des objets plus dignes de sa pieté que
de sa colere pour les perdre. Considerez vn peu de grace ie vous
supplie, chers enfans de l’Eglise Chrestienne, quel fut le regne
de Iesus Christ, lors qu’il viuoit en homme mortel parmy ses peu-Peuples ;
& venez apres cela faire vne saincte reflexion sur le vostre
pour bien iuger s’il est comme le sien, & si vous deuez pratiquer
des maximes si funestes à vostre salut, & si ingenieuses à
vostre perte. Vous n’ignorez pas que ce ne soit le vray modelle
de tous ceux qu’il a gratuitement tirez du neant, & sur lequel
vous deuez former toutes vos actions, & regler toutes les passions
de vostre ame. Les Anges ne furent pas enuoyez sur terre pour y
publier les trophées & les victoires qu’il s’estoit acquises auec le
trenchant de l’espée ; ces chers & redoutables escadrons de sa
Toute-puissance, n’entonnerent iamais par tout l’Vniuers que
des Cantiques de sa Paix, & des Hymnes de son amour & de sa
grace. Aussi n’approchoit-il iamais personne qu’en luy faisant vn
salut de Paix, qu’on pouuoir prendre auec raison, pour le principe