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Mazarinade n° B_20_41

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Anonyme [1652], CAPRICE SVR L’ESTAT PRESENT DE PARIS. STANCES. , françaisRéférence RIM : M0_626. Cote locale : B_20_41.



 
Il n’est pas iusques au sieur Fouquet,
A qui le depart d’vne Altesse
N’ait bien r’abatu le caquet,
Et changé les tons de rudesse.
 
 
Enfin la fronde est au roüer,
Elle ne va plus que d’vne aisle,
Les Princes en font leur ioüer,
Et le peuple se raille d’elle.
 
 
Mais des Frondeurs les plus rusez,
Les Autheurs du bruit & de noise,
Depuis peu se sont aduisez
D’aller froidement à Pontoise.
 
 
La peur en a bien ramenez
De la fierté de leurs pensées,
Des esprits les plus obstinez.
Les folles ardeurs sont passées.
 
 
Tel qui faisoit le depiteux
Contre la Cour, & pour la fronde,
Qui baiseroit le trou honteux
Du plus grand Mazarin du monde.
 
 
Tel qui faisoit de l’arrogant,
Qui prenoit le monde à partie,
A l’heure est plus souple qu’vn gant,
Et ne songe qu’à sa sortie.
 
 
Tel qui parloit pour l’vnion
De toutes les Cours Souueraines,
Donne au diable l’opinion,
Aux Autheurs les fievres quartaines.
 
 
Tel qui fit des Vers pour Coulon,
Auec dessein de le deffendre,
Le laisseroit tout de son long,
Et mesme aideroit à le pendre.
 
 
Que ne sont-ils desia pendus
Tous ces pendars, ces troubles sestes,
Qui par leurs aduis morfondus
Ont excitez tant de tempestes.
 
 
Ils ont dissipé des tresors,
Ils en ont espuisé les sources,
Et dans l’interest de leur corps,
Absorbe celuy de nos bourses.
 
 
Depuis l’essott de ces pourceaux,
Par force il faut qu’on se retranche,
Qu’on se sevre des bons morceaux,
Et reduise à fesser l’éclanche.
 
 
Tel qui gaudisoit au Marais,
Et dont le train estoit si leste,
Vit en Bourgeois à petit frais
Pour mettre quelque escu de reste.
 
 
On ny voit plus que gens de bien,
Les mignonnes en sont sorties,
Les pechez ne valans plus rien,
La plus part se sont conuerties.
 
 
Il faut pecher plus d’vne fois
Pour faire vne fois bonne chere,
La mignonne se vent à trois
Pour pouuoir Payer sa Bouchere.
 
 
On ne vent plus morceau de pain,
Qu’auparauant on examine,
Si le grain n’en est pas Lorrain,
Si la fleur n’est point Mazarine.
 
 
Enfin des petits aux plus grands
Le mal se respand dans nos vaines,
Du plus pauure au Duc d’Orleans,
Chacun à la part de ses peines.