[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_9_26

Image de la page

Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.


il est vray qu’on seroit bien aise qu’ils le fussent, si les deffenseurs
de Paris les auoient arrestez pour les punir de ce
qu’il auoit protegé le Cardinal Mazarin : Mais voyant que
c’est l’ennemy de la France qui fait emprisonner par son caprice
les Princes du Sang, pour se remettre dans les bonnes
graces des peuples ; ils sont trop bons François pour souffrir
aisément vne telle cruauté, puis qu’il est si constant qu’il
croit nous auoir si bien trompez par cet emprisonnement,
que nous luy deuons tout souffrir, comme on luy souffrit en
ce temps, vne trahison que toute la France déplore.
 
Peut-il encore ignorer que tout le monde ne sçache pas,
que l’interest de la conseruation de l’Estat ne l’a pas porté à
vn tel attentat ; mais le sien propre ? Car ie sçay que la Reine
du depuis, luy faisant voir les desordres que cette detention
causoit dans le Royaume, il luy respondit ; que tout alloit bien
pour ses desseins, puis qu’il ne luy restoit plus à surmonter que
des personnes si necessiteuses, qui ne demandant que de
l’argent, ils luy venderoient leurs propres vies. Fondé sur
cette maxime, chez les pauures argent fait tout, & qu’ainsi il
conduiroit facilement toutes ses pretentions à la fin qu’il se
propose ; ne pouuant mesme nier qu’il n’ait encore dit, que
Messieurs du Parlement estoient des affamez, & que toute
leur integrité n’estoit pas à l’espreuue de son argent, ou plustost
du nostre : car il n’en a point d’autre.
Ne sçait-on pas qu’il pretend par ses maximes, rendre
la France si miserable, qu’à la majorité du Roy (voyant que
ce jeune Monarque ne l’ayme que par force) il se trouueroit
en estat de se mocquer de tous ceux qui voudroient l’en
chasser, & qu’auec de l’argent il se feroit bien suiure.
N’est-ce pas pour ce dessein qu’il a mis des Gouuerneurs
pauures ou Estrangers dans toutes les meilleures places de
France, afin de les corrompre quand il voudra ; disant que
pour deux ans qu’il peut auoir paisiblement dans son Ministere,
il vouloit en faire son profit ? Et n’est-ce pas pour ce
mesme dessein qu’il a donné de l’argent à certains Gouuerneurs,