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Mazarinade n° A_9_26

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Anonyme [1650], LA POLITIQVE SICILIENNE, OV LES PERNICIEVX desseins du Cardinal Mazarin; Declarés à Monseigneur le Duc DE BEAVFORT de la part de toutes les Prouinces de France. , françaisRéférence RIM : M0_2817. Cote locale : A_9_26.


de s’establir comme il veut : Enfin c’est vous qui luy laissez
prendre le poignard qui vous esgorgera, lors que vous
croirez estre le plus dans ses bonnes graces ; c’est ainsi qu’il
mord en riant.
 
Le Prince de Condé, à qui il a autant d’obligation, qu’il
a sujet d’auoir de la haine pour vous ; parce qu’il luy conserua
la vie que vous vouliez luy rauir, a neantmoins esté contraint
de plier injustement le col au joug d’vne captiuité si
rude, pour auoir mesprisé des aduis qu’on luy donnoit en
particulier, de la trahison que ce perfide conspiroit contre
luy, s’imaginant qu’il n’auroit iamais assez de hardiesse pour
l’entreprendre, quoy qu’il creust bien que cet ingrat pourroit
auoir vn tel dessein ; mais que l’execution en estoit trop
difficile : Et ce n’est que par cette confiance que ce Prince
auoit en soy mesme & aux siens, & par le mespris qu’il fit de
tous les aduis qu’il en receut, qu’il gemit maintenant dans
les fers de ce Tyran.
Paris a plus d’amitié pour vostre personne que vous ne
croyez, mais vn aduis ne doit iamais estre mesprisé : Considerez
ce que ce traistre a fait, ce qu’il pretend, & le chemin
qu’il tient ; vous verrez que c’est Dieu qui met bien souuent
la plume en la main des hommes pour leur faire tracer
des Oracles, comme par vn esprit prophetique, afin de nous
faire éuiter le malheur qu’on trame contre vne personne
si necessaire que la vostre. Saint Pierre tomba dans le peché par
trop de presomption, & pour se fier trop en ses forces.
Dieu nous donne les moyens d’esuiter les dangers, il
nous met la force en main pour nous opposer à nos ennemis,
& nous descouure les voyes que nous deuons prendre,
afin qu’estans sur le bord du precipice nous puissions nous
en retirer auec plus de facilité.
Vous auez, MONSEIGNEVR, vne fois esuité le venin
de ce dangereux serpent, par les moyens que Dieu vous
en a fait naistre, vous donnant l’occasion de rendre de si
bons seruices au peuple. Esuitez le second attentat que ce