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Mazarinade n° A_7_4

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Anonyme [1649], LA PROMENADE OV LES ENTRETIENS D’VN GENTIL-HOMME DE NORMANDIE AVEC VN BOVRGEOIS DE PARIS, SVR LE MAVVAIS MESNAGE des Finances de France. , françaisRéférence RIM : M0_2901. Cote locale : A_7_4.


Cardinal, celuy-cy fut admis au premier Ministere de l’Estat, vous sçauez
aussi quel homme c’est, comme il vient de bas lieu, & de pauures parens, &
qu’il n’y a que ces sortes de gens là qui sont insatiables, quand ils se rencontrent
en estat de pouuoir donner quelque chose à leur auidité, aussi ce Cardinal
n’a il rien oublié pour rascher à rassasier son appetit déreglé, les imposts,
posts, les subsides, les taxes, les retranchemens de gages, & des rentes ;
enfin tout ce que l’Enfer pouuoit inuenter ce Cardinal & ses supposts l’ont
mis en vsage, & ont tellement tourmenté les riches & les pauures, qu’enfin
il les a quasi tous rendus égaux ; & s’il y en a encore quelques vns qui ne
soient pas ruinez, du moins ils ont esté fort incommodez.
 
Le G. Vous me dites là, Monsieur, d’estranges choses, mais neantmoins
cela ne me rend pas plus sçauant que i’estois, tout le monde dit la mesme
chose, c’est le bruit qui court, mais qui ne me satisfait pas ; ie voudrois
quelque chose de plus pour contenter ma curiosité.
Le P. Ie le puis faire, Monsieur, & voyez comment vous sçauez que le
Cardinal, comme premier Ministre, auoit vsurpé l’authorité de regler souuerainement
les Finances du Roy, tant en receptes que despens ; & ainsi
pour vous satisfaire il vous faut faire voir les abus qu’il a commis & souffert
estre commis en l’vn & en l’autre, ce qui me sera fort facile, vous sçaurez
donc, Monsieur, que tout le reuenu du Roy consiste en deniers ou leuees
ordinaires & extraordinaires.
Sous l’ordinaire i’y comprends quatre sortes de deniers, qui sont le Domaine,
les Aydes, la Taille & le Taillon, & les Fermes.
Et sous les extraordinaires toutes les taxes sur les Offices, creations
nouuelles, engagemens de Domaines, ventes de rentes, taxes d’aysez,
retranchement de gages & rentes, prouision ou despens pour la fausse
monnoye, & enfin toutes sortes de leuées violentes, & dont les Cours
Souueraines n’ont fait aucune verification de tiltres, apres quoy ie vay
commencer à vous faire voir le desordre qu’il y a eu dans la Recepte ; &
puisapres si nous auons assez de loisir ie vous feray voir celuy de la despẽce.
En la Recepte ie commence par le Domaine, il est vray qu’il y en a vne
bonne partie d’engagée il y a long-temps, mais cét engagement estant fait à
faculté de rachapt perpetuel, les Partisans du Cadinal ont incessamment
par les menaces de ce rachapt, si fort tourmenté les engagistes, que presque
tous les ans ils leurs faisoient payer des suppleemens dont les taxes
montoient plus que le reuenu, tellement que ces engagistes ne retenans
plus rien, n’auoient plus qu’vne iouyssance imaginaire.
Ce n’est pas tout, car s’il restoit encore quelque chose au Domaine qui ne
fust point engagé, ils le prenoient pour eux sous ce tiltre d’engagement,
dont ils faisoient faire vne taxe, de laquelle ils prenoient vne Quittance de
Finance, & en payement donnoient vne de l’Espargne qu’ils auoient pour
vne Ordonnance de Comptant ; à bon entendeur salut, c’est à dire vous
m’entendez bien ; mais il y a plus, car ie sçay vn Domaine qui portoit
à la recepte generale 61. à 62. mille liures par an pour le Roy, qu’on a donné
depuis peu pour trente ou quarante mille liures : Bref, pour le peu de