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Mazarinade n° B_9_11

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Anonyme [1652], LA RELATION DE TOVT CE QVI s’est passé au Conseil de Monsieur le Prince, depuis son depart jusques a present, enuoyé à son Altesse Royalle. , françaisRéférence RIM : M0_3147. Cote locale : B_9_11.



Pendant que l’on se broüilloit par ces intrigues, les creatures du
C. se fortifioient dans le Conseil, & retenoient tousiours toute la
force de l’authorité en faueur de leur maistre dont l’esprit regnoit
aussi absolument que iamais dans l’Estat, bien qu’il en eust esté esloigné
par Arrest du Parlement.
Le prodigieux aduaucement des sieurs le Tellier & Seruient, la
violence de leurs Conseils qui portoient tout à l’extremité leur
hardiesse à tous entreprendre, apporterent de nouueaux troubles
dans les esprits d’vn chacun. Madame de Chevreuse apprehendoit
qu’ils ne se rendissent trop puissants aupres de la Reyne,
ce qui ne pouuoit apporter que de la diminution au pouuoir qu’elle
pretendoit donner à son party, d’ailleurs l’authorité que le C. se
conseruoit encor dans le Conseil luy estoit insupportable, outre
qu’elle estoit contraire à l’establissement de M. de Chasteau-neuf,
& renuersoit l’esperance que M. le Coad auoit d’estre bien-tost C.
Enfin le retour de ce Ministre qu’ils auoient chassé leur sembloit
fatal, en sorte qu’ils n’eussent rien obmis pour l’empescher.
M. le Prince apprehenda plus que personne ce trop puissant établissement
des creatures du Maz. ne sçachant que trop pour l’auoir
espreuué qu’ils estoient capables de tout ozer contre sa personne,
& ne doutant point que sa liberté donnoit a tous également de
l’ombrage, & estoit vn Obstacle insurmontable au restablissement
du C. leur maistre. La deffiance suiuit bien tost ses soubçons
si bien qu’il n’alloit plus que tres-rarement au Palais Royal, & s’exempt oit
de voir le Roy le plus qu’il luy estoit possible sçachant
bien, que sous pretexte de la Majesté, on exerçoit souuent des
violences trop fatales aux Princes du Sang, quand le Ministres
n’estoient pas absolus qu’ils le pouuoient desirer, dans ces apprehensions
qui semblent assez iustes il s’attacha entierement à
Monseigneur le Duc d’Orleans qui estoit le meilleur moyen de
parer à quelque future disgrace.
Il n’eut pas de peine à gagner S, A. R apres qu’il luy eut fait voir la sincerité
de son procedé pour le passé, & celle de ses intentions pour l’avenir, les artifices
des Frõdeurs & le plein pouuoir de ses ennemis irrecõciliables dans la
personne de leur maistre exilé. M. le D. d’Orleãs prit auec expressemẽt ses interests,
le témoigna plusieurs fois à la Reine, qui sollicitée par Madame de
Chevreuse & Madame d’Aiguillon, qu’elle auoit depuis peu appellée à sa
confidence, ne voulut point escouter les propositions de S. A. R. qui ont toûjours
esté pour le repos de l’Estat, & pour l’vniõ entre les Princes ; si bien que
se voyãt rebuté il ne pût empécher pe se plaindre tout haut & en la presence
de leurs M. que le Cõseil des fẽmes preualoit par dessus celuy des Princes, &