[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_9_61

Image de la page

Anonyme [1649], LA RENCONTRE D’VN GASCON ET D’VN POITEVIN, LES FANFARONADES DE L’VN, ET LES CONTINVELLES RAILLERIES DE L’AVTRE. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_3346. Cote locale : C_9_61.



Le Poit. Si vous auez autant de courage que de sainteté
vous ne deuez point craindre ces gens.
Le Gas. Ouy vien, si ces faquins estoient dignes de ma
coulere ; puis il faut que i’abouë que iou suis en peché
mourtel, & qu’abant de me vattre ie boudrois vien me
reconnoistre.
Le Poit. Tantost trente mil hommes rangez en bataille
ne vous estonnoient point, vos teliques vous preseruent
de la mort, vous estiez nagueres inuincible, & vous
auez maintenant peur de mourir. Cela ne témoigne pas
que vous soyez de la Maison de Foix.
Le Gas. Iou suis tel que iou bous ay dit : mais il y a vien
de la difference d’affronter des gens en vne iuste guerre,
où mes reliques ont vne grande bertu, ou de se vattre de
sang froid contre des couquins. Cependant mon vraue,
si ces gens qui s’approchent de nous, me beulent prendre
pour vn deserteur d’armée, respondez de ma bertu lou
mien, & soyez mon pleige.
Le Poit. Que vos discours tesmoignent bien que vous
estes lache, & que vous n’estes pas grande chose !
Le Gas. Appellez-vous làche le plus baillant de tous
les hommes ?
Le Poit. Aprenez que dés le commencement de vostre
entretien, i’ay connu que vous estiez vn fourbe, & que ie
me suis gabbe de vous en me diuertissant. A vostre taille
ie iuge que vous pourrez bien aller seruir le Roy dans ses
galleres à Marseille.
Le Gas. Ha ! que bous m’ouffencez, si ie me voute en
coulere i’estrangleray tout ce que iou trouberay debant
moy.
Il n’en peut pas dire d’auantage, car le Preuost le preuenant
l’entoura, & luy tint ce discours. Hola ! le vetu de
gris perlé arrestez-vous, ie vous fais prisonnier de par le
Roy, rendez moy vos pistolets, & vostre espée.
Le Gas. Bous bous mesprenez lou Prebost, bous faites
vn attentat, le Roy sçaura l’affront que bous faites au Marquis