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Mazarinade n° A_8_35

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Anonyme [1649], LA RESPONSE DE LA RALLIERE A L’ADIEV DE CATELAN, SON ASSOCIÉ. OV L’ABREGÉ DE LA VIE DE CES deux infames Ministres, & Autheurs des principaux brigandages, volleries, & extorsions de la France. , françaisRéférence RIM : M0_3394. Cote locale : A_8_35.


qu’il se peudroit bien-tost, ou qu’il rendroit à sa Patrie la liberté,
ou qu’il mourroit auec elle. Il se consoloit de la sorte en cette
extremité par des raisons qui nous porteroient au desespoir, & faisant
estat de mourir ou de vaincre, il ne faillit à l’vn ny à l’autre.
 
O que nous sommes éloignez de la generosité de cét Anciẽ, nous
qui par nos lachetez voulons oster à la France nostre patrie, ce qui
luy reste de vie, de biens, & de liberté. Maintenant que nous sommes
à la mercy d’vne mer émeuë, que nous ne sçaurions euiter le
naufrage, & que nous sommes à la fin de nos inuentions tyranniques,
pensons à nos consciences, regardons s’il n’y a point de port
de salut pour nous, & taschons de sauuer du debris de nos fortunes
quelques pieces pour nous mettre en repos. Ne faisons pas comme
le chien d’Horace, qui s’opiniastroit à mordre les passans, & qui ne
valoit rien contre les Loups garoux. Imitons plustost ces bons Mastins,
qui laissent leurs combats au moindre signe du Berger, pour
deuorer ces rauissantes bestes, qui viennent pour manger les brebis.
Laissons cette humeur brutale, & s’il nous reste encore quelque
soif du sang humain, estanchons là au despens de ceux qui sont cause
de nostre mal, en defendant nos crimes.
Ces grandes richesses apres lesquelles nous courons à perte d’haleine,
nous font sortir du vray sentier de la vie, semblables aux põmes
d’Atlanthe, qui luy firent perdre l’honneur de la course. Nous
y volons le plus souuent auec les aisles d’Euripide, qui ne nous éleuent
que pour faire remarquer nostre cheute, & rendre nostre ruine
plus honteuse : Pour l’empescher, il faut despoüiller toutes ces
formes diuerses, que la passion nous a fait, prendre au preiudice de
nostre pays, de nous mesmes, & de nostre Createur. Il faut reprendre
l’image de nostre innocence, sans laquelle toute la prudence
humaine est inutile, & auec laquelle nostre propre imprudence
nous peut seruir beaucoup. Car tout ainsi qu’on ne pouuoit rien apprendre
du Dieu Prothée qu’il n’eust laissé auparauant toutes ces
autres formes, pour reprendre sa premiere figure : Aussi ne faut-il
pas esperer de pouuoir rien apprendre de nostre ame, iusques à ce
qu’elle ait dompté ses passions, & repris son ancienne forme.
Sur tout, ie voy bien que ce qui vous fait apprehender dauantage,
c’est le mariage du Parlement auec cette Ville, si fort auantageux
pour le bien de l’Estat, & si contraire a nos mauuais desseins.
Et certes ce n’est pas sans raison que nous deuons craindre cette alliance,
qui va couper la trame de nostre iniquité, & de laquelle ie
puis dire ce qu’on dit de la conionction des grandes Planettes, qui