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Mazarinade n° A_8_35

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Anonyme [1649], LA RESPONSE DE LA RALLIERE A L’ADIEV DE CATELAN, SON ASSOCIÉ. OV L’ABREGÉ DE LA VIE DE CES deux infames Ministres, & Autheurs des principaux brigandages, volleries, & extorsions de la France. , françaisRéférence RIM : M0_3394. Cote locale : A_8_35.


iours de marché vne boite penduë à vostre col, dans laquelle il y auoit
pour toute marchãdise, pour six blancs d’esguillettes de peau,
que vous vendiez aux paysans pour auoir de quoy viure : quelquesfois
vous alliez à la chasse des petits oiseaux, que vous preniez
à la pipée, les donnant pour vn morceau de pain aux enfans de vostre
âge.
 
Du depuis, vostre industrie croissant auec vos forces, vous creûtes
que vous estiez capable de quelques meilleurs emplois, & c’est
ce qui vous fit resoudre de venir à Paris, auec vn équipage semblable
à celuy de quelques Montagnards de vostre Patrie, lesquels au
commencement de l’Hyuer, vont chercher és pays Estrangers, les
moyens de gaigner leur vie. Il me souuient d’en auoir rencontré
autrefois en mes voyages, montez sur des cheuaux de S. François,
portans sur leurs espaules des sacs de laboureur, remplis de vieux
haillons. Ie ne diray rien des auantures de vostre route, vn chacun
se les peur imaginer. Enfin vous arriuastes en cette bonne Ville,
l’asile des miserables, & vostre bonne fortune vous menant par la
main, vous logea pres d’vne maistresse de Cornuel, laquelle vous
ayant ouy degoiser quelque air au son d’vn violõ, elle vous a voulu
auoir, vous iugeant propre à la diuertir, car le plus souuent ces
putains ont le goust depraué ; & quãd elles sont saoules des bonnes
choses, elles en demandent de mauuaises pour leur donner de l’appetit ;
tant y a que cette honneste Damoiselle vous recommanda à
son Financier qui vous mit dans les affaires, & pour vous mieux lier
à son seruice il vous fit espouser vne de les ballardes, laquelle vous
a rendu si parfait és intrigues [1 mot ill.], que par honneur on vous
nomme le [1 mot ill.] de chair humaine. Voila mon cher amy vn
racourcy de vostre vie, auquel i’adjouste les reflexions que vous
deuez faire sur les deux faces d’icelle, vous pardonnerez à mon
zele, si le parle si franchement. Mais quand ie deurois rompre auec
vous, ie ne veux tien espargner pour vous tirer du vice.
Faites s’il vous plaist comparaison de vostre premiere vie à celle
d’auiourd’huy, & vous connoistrez que la méconnoissance nous
perd. Remettez vous deuant les yeux le temps auquel vous dressiez
des pieges à l’innocente nature des oiseaux, pour les employer
quelque iour comme vous faites contre ceux de vostre espece : Ce
qui fait voir que vous estes d’vn naturel, fourbe, fripon, & traitre.
Vous deuez prendre garde qu’il ne vous arriue comme à cét oiseau
de la fable, qui n’estoit paré que des plumes des autres oiseaux, lesquels
venans à fondre sur luy, ils reprirent leurs plumes, & le laisserent