[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° D_2_39

Image de la page

Anonyme [[s. d.]], CAVSES DE RECVSATION proposées par Monsieur le Duc de Beaufort, Messire Iean François Paul de Gondy Archeuesque de Corinthe & Coadjuteur de Paris, Monsieur de Broussel Conseiller en la Cour, Monsieur Charton President aux Requestes du Palais & autres. CONTRE MRE MATHIEV MOLE premier President au Parlement de Paris, Mr Molé de Champlatreux son fils Conseiller Honoraire en ladite Cour, & leurs parens & alliez au degré de l’Ordonnance. , françaisRéférence RIM : M0_656bis. Cote locale : D_2_39.



Nostre Iurisprudence n’a pas esté moins sage que celle des
Romains. Il n’y a pas vne de nos Ordonnances qui parlent des
recusations, qui ne comprenne tous les Iuges. Les Presidens y
sont desnommés & tous les Chefs de la Iustice de quelque qualité
qu’ils soient.
Les Parlemens tous entiers par les mesmes Ordonnances peuuent
estre recusez. Il ny a point de Compagnies Souueraines,
il ny à personne qui se puisse dispenser de l’ordre des Iugemens.
L’Ordonnance de Charles huict de 1593. Article 64. dit bien
dauantage. Elle deffend formellement à ceux qui demeurent
Iuges de la recusation, d’en laisser la decision à la religion de celuy
que l’on recuse. L’on ne croit point pour lors aux Aristides
ny aux Catons ; il ny à point de probité qui soit à l’espreuue de
nous mesmes, nostre interest nous voile les yeux, & nous ne
sommes plus ce que nous estions auparauant, dés le moment
que la chose nous touche, ou qu’elle regarde nos parens & nos
alliez.
Cela presuposé que toutes sortes de personnes peuuent estre
recusées, qui est vne proposition dont Monsieur le premier President
ne doubte pas luy mesme, puis que dans cette occasion,
il a desia passé par trois fois le Barreau ; il ny a qu’à examiner si les
causes de recusation sont receuables.
Dans l’accusation, il est question entre autres choses de sçauoir
si l’on a dit ce que les tesmoins deposent qu’il falloit tuer
Monsieur le premier President.
Peut-il y auoir vn moyen de recusation plus pertinent & plus
admissible. Il est question de sçauoir si l’on a eu dessein sur la
personne de Monsieur le premier President. Il ny a rien qui soit
plus precieux que la vie, & qui nous soit plus sensible.
A la verité l’on permet bien à vn homme de repousser la force
par la force, de prendre les armes pour sa deffense. Quelques ressentimens
que nous ayons pour lors, nous pouuons bien nous
faire Iustice, parce que la premiere loy est nostre conseruation.
Mais dés le moment que la Iustice publique, qu’vn autre Tribunal
que le nostre, se trouue saisi de nos interests, nous ne sommes
plus les Maistres de la vindicte, nous ny pouuons auoir aucune
part.
Et de fait si Monsieur le premier President demeuroit Iuge.