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Mazarinade n° A_5_107

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Anonyme [1649], LA VERITABLE CONDVITE DV COVRTISAN GENEREVX. , françaisRéférence RIM : M0_3925. Cote locale : A_5_107.


deux sortes d’ambition, l’vne qui est loüable, sans artifice, &
sans fraude : l’autre qui est trompeuse & pleine de malice ; &
ceux qui s’en seruent au iugement de S. Augustin, sont semblables
à ces hommes fourbes, qui sous la peau d’vne brebis
cachent le naturel, & les brutalitez d’vn loup deuorant.
En matiere de vices ceux qui ne se monstrent point, sont plus
abominables que ceux qui paroissent. Et certes qui ne détestera
pas dauantage les flateries couuertes dont Messala
vsoit enuers Tibere, que toutes celles que le Senat employoit
pour n’encourir pas l’indignation de ce Prince : la
meschanceté qui marche à descouuert par vn chemin battu
n’est qu’vn simple mal ; celle qui va par vne route destournée,
& qui s’escarte du chemin ordinaire est vne double méchanceté,
& apres tout il n’en est point de plus signalée, ny de
plus dangereuse que celle qui tasche de se couurir du manteau
de la vertu, ou du voile de la pieté : Comme celuy-là est
beaucoup plus meschant que les meschans mesmes, qui veut
qu’on le croye bon. Ainsi aymer la pompe des maisons,
la magnificence des habits, le nombre des valets, les actions
genereuses, les entreprises honorables, la faueur du Prince,
sont les chemins les plus communs que les moins ambitieux
tiennent. Mais mespriser ce qui est en estime ? blasmer ce
qui est loüable ? ne tenir pas mesme conte de l’honneur, c’est
marcher sur les pas de la plus haute ambition qui se puisse
imaginer : le defaut souuent n’a pas moins d’arrogance que
l’excez ? & selon la pensée de S. Augustin, s’il y a des riches
méconnoissans, il y a despauures blasphemateurs. Nous en
voyons, dit S. Hicrosme, qui sont si aueuglez qu’ils cherchent
de la vanité iusques dans la poussiere, le rustique habit de
ceux de Sparte tenoit quelque chose de la suffisance, au rapport
d’Aristote : ne t’approche point de nous auec tant de
gloire, dit autre fois Socrate à vn certain, qui estant en mauuais
equipage faisoit parade de ce qui estoit de plus deschiré
sur luy. Le sage Philosophe, & le veritable Stoïque deteste
la saleté aux habits, l’aduersion que l’on peut témoigner pour
l’argent, & autres vanités feintes qui sont sorties de l’escole
de cette ambition pernicieuse. En effet, fuyr ce que les meilleurs
esprits recherchent, fouler aux pieds les biens que les