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Mazarinade n° E_1_122

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Anonyme [1649], LE CHEVALIER CHRESTIEN PARLANT DES MISERES DV TEMPS, A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_696. Cote locale : E_1_122.


Royaume est semblable à la conduitte d’vn nauire, vn
Pilote experimenté cede quelquesfois à la tempeste qui
le menace d’vn prochain naufrage, il se laisse souuent aller
au gré du vent, qui le pousse à cent lieües du port, où
il alloit prendre terre, & souuent il abbaisse les voiles
de son vaisseau, pour faire passage à la bourasque qui
s’irriteroit par sa resistance, de cette sorte attendant le
calme, il ne perit pas au milieu des eaux. Comment dõc
vne sage Princesse comme vous, MADAME, ne cederoit-elle
pas dans le gouuernemẽt de son Estat à la tempeste,
qui luy prepare vne ruine ineuitable : comment
ne vous laisseriez vous pas aller au torrent qui vous emporte
au delà de vos desseins ; & comment enfin ne plieriez
vous pas les voiles de vostre courroux au tumulte
d’vne guerre intestine, qui se fomenteroit par vn opposition ;
c’est le secret d’arriuer au port, où vous aspirez,
comme vne tres bonne Princesse, c’est à dire, au repos de
vostre Royaume, c’est encore ce que nous attendons de
ce tiltre de Lieutenante du Sauueur du monde, que
vous possedez si sainctement, MADAME.
 
Dessus cette reflexion, que les Roys sont les Lieutenans
de Dieu dans le monde, i’establis cette derniere,
qu’ils doiuent auoir vn grand soing de leur renommée,
parce que comme la gloire d’vn Ambassadeur est commune
au Maistre qui l’enuoye, la reputation d’vn bon
Prince retourne à Dieu, qui le charge de ses volontez :
les peuples se sousmettent plus facilement à vn Monarque,
qu’ils estiment vn homme de bien, & au contraire
la soumissiõ leur est vn supplice, lors qu’ils sont obligez