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Mazarinade n° C_9_60

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Anonyme [1649], SVITTE DE LA RENCONTRE INOPINÉE DE MARS ET DE VENVS DANS LE COVRS DE LA REYNE, ARRIVEZ NOVVELLEMENT EN FRANCE. SECOND ENTRETIEN. , françaisRéférence RIM : M0_3348. Cote locale : C_9_60.


ce que vous estes ? & les charmes que vous possedez m’ont
ils esté inconnus ; vous sçauez que mes armes victorieuses
n’ont estendu les limites de mon pouuoir, que pour y faire
reconnoistre la gloire du vostre ; que ie n’ay estimé mes
desseins qu’autant que vous les auez approuuez ? que ie
vous ay tousiours deferé l’auantage de mes conquestes ; &
que mes ttiomphes ne m’ont esté considerables qu’en ce
qu’ils vous ont fait triompher par toute l’estenduë de la
terre.
 
Venus.
Grand Dieu ie sçay trop bien ce que vous estes, & ce que
vous meritez ; ie cognois assez les insignes obligations que
i’ay à vostre bien-veillãce, & ie passerois pour la plus ingratte
du monde, si ie n’auois deuant les Cieux & la terre, que ie
doibs toute ma gloire à vos soins, mon bon-heur à vostre
courage, mes plaisirs à vostre cõplaisance, mon estime à vos
bontez : mais ie sçay aussi ce que ie vous ay rendu ; & ce que
ie suis obligée de ne vous plus rendre maintenant. Autrefois
vous n’auez regné que par moy, à present vous ne pouuez
plus regner auec moy ? & vostre empire donne trop de
crainte aux hommes, pour croire qu’il soit d’accord auec
le mien, ou que la douceur de mes attraits soit iointe auec
la violence de vos armes : c’est le mal-heur du temps qui
cause cette des-vnion, & qui nous oblige à nous separer.
Permettez que ie m’en aille ? vne Dame de condition m’attend,
qui desire auec passion que ie l’entretienne sur vn
sujet qu’elle m’a proposé, & qui est tres-excellent.
Mars.
Madame, si vostre affection estoit égale à l’ardeur de ma
flamme, & si vos desirs auoient de la cortespondance auec
les miens, vous quitterez toute sorte de compagnie pour la
mienne, & vous ne seriez iamais plus rauie que quand
vous auriez le bien de ma conuersation, & moy l’honneur
de la vostre. Puis que ie viens de quitter le Duc de Chastillon
qui est retourné des enfers pour m’entretenir du fait de
la guerre, & sçauoir de moy en quoy consiste l’auantage
des armes. Dans le peu de temps que i’ay eu le bien de le