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Mazarinade n° A_2_60

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Anonyme [1649], TROISIESME DIALOGVE ENTRE LE ROY DE BRONZE ET LA SAMARITAINE. Sur les affaires du temps present. , françaisRéférence RIM : M0_1090. Cote locale : A_2_60.


TROISIESME DIALOGVE,
ENTRE LE ROY DE BRONZE,
& la Samaritaine.

Sur les affaires du temps present.
La Samaritaine.
FAITES vostre pacquet, Madame l’idiote, & cherchez qui veüille
souffrir vos sottises : car pour moy i’en suis lasse.
Le Roy.
Est-ce là, chere Samaritaine, la grace que tu m’auois accordée pour
cette pauure fille ?
La Samaritaine.
Elle en a trop abusé, SIRE, & si i’eusse fait mon deuoir hier au soir
à l’heure induë qu’il estoit, lors qu’elle vint de la Ville où ie l’auois enuoyée
m’achepter cinq ou six de ces nouueaux libelles sur les affaires
du temps, ie l’eusse mise à la ruë, & de deux pieces fausses dont vn
Colporteur luy vendit l’vne, & luy rendit l’autre pour son reste d’vn escu
d’or que ie luy auois donné à changer, I’eusse au moins rabbatu la
premiere sur ses gages ; car pour l’autre, elle est d’vne monnoye dont
ne sçachant pas lire, elle n’est pas obligée de connoistre les especes :
puis que c’est vn de ces liurets mesme qu’elle m’achepta, & de laquelle
les falsificateurs ne sont pas moins punissables, que de celle qui sert au
commerce de la vie humaine.
Le Roy.
En effet, Voisine, quelques pieces que les Escriuains puissent donner
au public, si l’image de la verité qu’on y doit voir empreinte, n’est le
coin auquel ils les marquent, ils sont autant de faux monnoyeurs : &
le cours des fausses nouuelles n’estant pas moins pernicieux aux Estats,
que celuy de la fausse monnoye, ne doit pas estre empesché moins rigoureusement.
Mais de quel libelle est-ce que tu parles ? Seroit ce
point du pacquet de ce Courier extraordinaire, dont me fit lecture (quoy
que sans songer à moy) vn honneste Ecclestastique qui s’arresta hier
icy auec vn Gentil-homme de sa connoissance, qui ne peut non plus