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Mazarinade n° A_4_17

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Balzac, Jean-Louis Guez de [?] [1649], LA HARANGVE CELEBRE FAITE A LA REYNE SVR SA REGENCE. , françaisRéférence RIM : M0_1544. Cote locale : A_4_17.


mesme de sa grandeur, auec les miserables qui les
endurent.
 
Le peuple, Madame, est composé de ces miserables, &
ne presentent iour & nuit à vostre veuë & à vostre imagination
que des infirmitez & des playes, que des gemissemens
& de la douleur. Il ne se nourrit point des
grandes nouuelles qui viennent de vos armées, ny de
la haute reputation de vos Generaux, ses appetits sont
plus grossiers, & ses pẽsees plus attachees à la terre. La
gloire, est vne passion qu’il ne cognoist point, qui est
trop déliee & trop spirituelle pour luy. Il voudroit
plus de bled & moins de lauriers.
Il pleure souuent les victoires de ses Princes, & se
morfond auprés de leur feux de ioye, parce que les
aduantages de la guerre ne sont iamais purs, ny les victoires
entieres, d’autant que le deüil, les pertes & la
pauureté se trouuent souuent auec les triõphes. Quelque
heureux succez qui accompagne nos armes sur la
frontiere & hors du Royaume. Cet Estat du dehors ne
guerit point les incõmoditez domestiques. Apres auoir
braué l’ennemy sur la frontiere & hors du Royaume,
chacun se trouue malheureux chez soy, & l’estat où
nous sommes n’est pas vne vraye prosperité, c’est vne
misere que l’on loüe, & qui est en bonne reputation.
Mais, Madame, pour nous mieux preparer à gouster
les douceurs de l’aduenir, qui seront les fruits de
vostre Regence. Il me semble qu’il ne seroit pas mal de
cõsiderer de plus prés les amertumes presentes qui sont
les restes du siecle passé, V. M. me fera bien l’honneur de
voir en cet endroit vn crayon de ma façon, & de souffrir
que ie luy figure vne chose qui n’est supportable qu’en