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Mazarinade n° A_3_15

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Carigny (P. D. P. Sieur de) [1649], BALET RIDICVLE DES NIECES DE MAZARIN, OV LEVR THEATRE RENVERSÉ EN FRANCE. , françaisRéférence RIM : M0_572. Cote locale : A_3_15.


PHAMPHILIO.
Il est tres-certain, Seignora Emilia, que ce bon Seigneur
a souuent ry au depens des François qui versoient
des larmes de regret des profusions qu’il faisoit sans delier
sa bource. Il a imité ces Charlatans qui diuertissent-la
populace par des ieux de passe-passe lors qu’ils ont atiré des
Coupeurs de bourses qui leur fouillent dans la pochette.
Quand à moy ie me suis engraissé par ce moyen sans me
mettre en peine qui pouuoit en deuenir maigre, & vous
sçauez que c’est le propre de l’humeur Italienne qui treuue
le gain de bonne odeur, de quelque part qu’il vienne. Il est
vray que la pluspart des François en font auiourd’huy le
mesme. Tant de Partisans qui sont logez comme des monarques
qui n’ont esté autrefois que de simples valets à couleurs
confirment assez la verité que j’anonce.

EMILIA.
Tout beau, mon braue, & d’ou vous vient ce caprice auiourd’huy ?
vous faites vne satire contre les masheurs de ce
siecle lors que nous cherchons quelque passe temps pour
tuer la melancholie, quoy ne craignez vous point la boette
aux caillous ? d’autres ont esté mis en Cage qui n’auoient
point chanté si hautement.

PHAMPHILIO.
Pour moy ie ne crains plus rien, i’ay mon compte, ie vogue
a pleines voilles, & ie puis me retirer en mon pays chargé
de pistolles que i’ay gaignées en riant & en faisans rire
les autres.