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Mazarinade n° C_1_32

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Anonyme [1649], CONSEIL NECESSAIRE DONNÉ AVX BOVRGEOIS de Paris pour la conseruation de la Ville. CONTRE LES DESSEINS DE Mazarin, & les libelles qu’il a fait semer. , françaisRéférence RIM : M0_760. Cote locale : C_1_32.


conseil de nos Generaux, qui virent que les ennemys plus diligens
que nous, s’estoient emparez des postes aduantageux qui
ne nous permettoient les approches qu auec vne horrible perte
d’hommes qu’il a fallu conseruer pour d’autres occasions & pour
des raisons de prudence ? qui doute que cette milice bourgeoise
auec les moindres exercices dans la iuste fureur qui l’anime ne
soit capable de faire en vn iour ce que nos persecuteurs ne croyent
peut-estre pas ; & que Mazarin & ceux qui suiuent sa fortune,
ne se trouuent surpris en vn moment, car il semble dans
le cours des choses qu’il soit reserue pour vne victime publique.
 
C’est vn miracle du quel il ne faut desesperer, puis que l’on ne
voit autre chose dans nostre deffense naturelle ? qui n’eust creu
que Paris ne fust enseuely dans sa ruine, quand tout d’vn coup
les principaux passages ont esté fermez, quand les innondations
mesmes sembloient contribuer à la famine dont l’on vouloit punir
cette ville. Neantmoins tout d’vn coup il est assisté de la protection
de tant de Princes & personnes Illustres. Le Ciel y a tant
versé de benedictions qu’il y a eu des viures assez suffisans, &
que l’on y vit auec grande satisfaction que Dieu par des voyes
secrettes donne des alimens à Paris, qui deuoit perir en deux ou
trois iours de marché dans le compte de nos persecuteurs, comme
s’il estoit croyable que Dieu fauorisast vn complot si funeste,
& qu’il voulust sacrifier tant de milliers d’ames innocentes a des
passions iniustes. Car est il pas vray que c’est vn meurtre entrepris
sur vne Ville innocente, & sur tant de Villages desolez par
toutes sortes d’hostilitez ? Peut on croire que cette action criminelle
puisse trouuer l’assistance du Ciel, car au contraire elle
est condamnable deuant Dieu, & deuant les hommes, & sans
doute vous deuez esperer, Messieurs, la continuation des graces
cœlestes : car y a-il pas lieu d’admirer que ce tyran insupportable
apres auoir tenu dans vne prison de cinq à six années vn
des plus genereux Princes du Monde, les delices & la ioye de
Paris que Dieu en vn moment en faueur de son innocence ait
rompu ses fers & l’ait mis en estat de poursuiure la vengeance de
l’outrage qui luy est fait, & la perte de son persecuteur ? Comment
est-il possible que Monsieur le Prince de Condé donne sa
protection au plus punissible de tous les hommes & que pour
pretexte il prenne la deffense de l’auctorité Royalle ? Ne sçait on
pas que personne n’a la pensée de luy donner attainte, mais que