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Mazarinade n° B_10_16

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Anonyme [1652], CONTRE-VERITEZ DV VRAY, ET DV FAVX DV CARDINAL DE RETZ. , françaisRéférence RIM : M0_789. Cote locale : B_10_16.


sangsuës qui vous entourent du peu de sang qui reste au Peuple ?
Que vous resteroit-il plus à desirer que l’establissement d’vne maison
aussi puissante que vostre ambirion seroit d’emesurée. Dieu
nous garde d’vne si malheureuse catastrophe ; Et vous Peuples de
Paris n’en sentiriez vous pas les premiers les plus rigoureux efforts,
ne seriez vous pas la Victime infortunée de son auarice. Son Ministere
seroit cimenté de la rapine de vos biens & de l’oppression de
vos familles. Croyez vous que celuy qui oublie sa premiere condition,
qui quitte son veritable ministere, celuy dis-ie qui ne s’est
fait connoistre que par des laschetez, ne vous sacrifiera pas encore
à ses interests, auroit-il respect pour les Loix humaines, puis qu’il
méprise si insolemment les diuines, espargneroit-il le Peuple, puis
qu’il choque si hardiment les Princes, en vn endroit, il dit, que s’il
se fut seruy des remedes dont son experience est capable, le repos
de la Ville eust esté desesperé, en vn autre que pour se reconcilier
à M. le Prince il eust esté obligé à des bassesses : Voyez comme à sa
fierté naturelle il adiouste encore l’insolence, il ne peut rien, & s’estime
capable de troubler l’Estat, s’il auoit le pouuoir ne desespereroit-il
pas les Peuples, sa reconciliation l’eut obligé à des bassesses,
voyez vous qu’il va d’égal auec les Princes du Sang. Cette
petite grenoüille qui s’enfle comme vn taureau, braue defia ce
qu’il y a d’Auguste dans l’Estat, de vostre abondance dépend,
dit-il, son éleuation, c’est qu’il deuore desia vos biens en esperance.
En vn autre temps ou tous les autres se ruinent, il est le seul
qui profite, Monsieur le Prince despense tout son bien, & chaque
iour expose librement sa vie pour le salut de la Ville, & la liberté
de la Patrie. Peuple souffre, & luy seul augmente d’honneur
& de biens. Souuenez vous que celuy qui descrie les actions des
Princes & de leur amis s’est laschement vendu au Mazarin,
que celuy-là qui se promet d’estre vostre liberateur, est celuy-là
mesme qui porte sur sa teste le prix de vos biens & de vos
vies : Il est vostre Prelat & se croit rendre par la plus recommandable.
Iugez s’il vous plaist si par ses écrits & par ses actions, il n’a
pas renoncé à l’honneur de son Ministere, il n’est pas encore las de
broüilleries, il s’en prepare à l’aduenir, cependant il ny a point de
venin qu’il ne verse sur ceux qu’il attaque, ne s’est-il pas liuré
luy mesme à l’infamie, souffrirez vous donc tousiours que les Estrangers
chassent les enfans de la Maison, que les Viperes vous
rongent le sein, & que vostre ennemy Regne au milieu de ses
desordres.
 

FIN.