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Mazarinade n° A_4_32

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Favre (R. P.) [1649], HARANGVE FVNEBRE, PRONONCEE AVX OBSEQVES DE MONSIEVR LE DVC DE COLIGNY, FAITES A ST DENYS LE SAMEDY XX. FEVRIER M. DC. XLIX. en presence de Monseigneur LE PRINCE. Par le R. P. FAVRE Cordelier, Docteur en Theologie de la Faculté de Paris, & Predicateur de la Reyne Regente. , françaisRéférence RIM : M0_1606. Cote locale : A_4_32.


disoit-il, que vostre volonté soit faite, fiat voluntas tua ?
Et si meslant toutes ses pensées, pour seruir de matiere
à l’entretien de son esprit, son cœur animé de la grace,
luy faisoit pousser ses paroles expressiues de ses plus
ardants desirs, Beati mortui qui in Domino moriuntur.
 
En conscience Messieurs, falloit-il pas qu’il fust tout
remply de l’Esprit de Dieu, puis que Dieu fait tous les
mouuements de son cœur, toutes les pensées de son
ame, toutes les paroles de sa bouche : Et n’auois-je pas
raison de dire, que son ame estoit embrazée du feu de
l’Amour de Dieu, puis que l’on en voyoit de temps
en temps sortir les esteincelles, & les flâmes. Et cela
estant ainsi, concluons que sa mort a Christianizé toutes
ses vertus ; quelles les a toutes employées, & qu’il
les a toutes faites regner dans les derniers moments de
sa vie.
Apres cela Messieurs, ie vous laisse à penser si l’on
peut desirer quelque chose à la perfection du Duc DE
COLIGNY, & si ie n’ay pas raison de vous dire que,
consummatus in breui expleuit tempora multa. Qu’ayant acheué
sa course en peu de temps, il a autant vescu que s’il
auoit duré plusieurs années ? Peut-on desirer vne naissance
plus illustre ? peut-on passer vne vie plus glorieuse ?
peut-on mourir plus Chrestiennement ? A la mort
des grands Capitaines l’on void des ennemis vaincus,
des lances brizées, le corps chargé de blessûres, la terre
baignée de sang, des trophées d’armes de tous costez,
& c’est ce que les guerriers appellent mourir, dans le
lict d’honneur. A la mort des Chrestiens, lon void les
biens mesprisez, les honneurs foulez aux pieds, les voluptez