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Mazarinade n° A_9_2

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.


la verge à bon escient, pour essayer si ce chastiment ne fera point
fur eux le méme effet que produit la honte sur les ames dociles.
 
L. R. Mon Gouuerneur, ce que vous venez de dire est absolument
selon mon sens, & il est tres-certain qu’il ne faut point esperer
de tirer party de moy par la force ; il me souuient à ce propos, que
quand i’apprenois à aller, ceux qui m’aidoient doucement à marcher,
me faisoient bien plus faire de chemin, & me soulageoient
bien dauantage que ceux qui me traisnoient apres eux ; & ie pense
méme qu’à peine aurois je sceu maintenant faire l’assemblage de
mes lettres, si i’auois esté traitté rudement de mon Precepteur : &
pour vous témoigner combien m’est agreable cette façon d’agir
auec moy, me voila prest d’apprendre toutes les choses dont vous
jugerez que mon enfance sera capable : Mais n’est-ce point vn peu
trop tard ?
L. G. SIRE, On ne peut trop tost commencer de donner des instructions
à Vostre Majesté : Nos Rois sont sages auant le temps ;
ils sont majeurs à quinze ans, & leurs sujets ne le sont qu’à vingt-cinq.
C’est pourquoy on ne peut de trop bonne heure entretenir
V. M. des choses qu’il est à propos qu’elle sçache, & comme les paroles
de vos Nourrices, & des femmes qui estoient aupres de vous,
comme vous estiez encores dans le berceau, ont formé vostre langage
par la coutûme de les ouïr, sans qu’il ait paru que vous leur
ayez presté aucune attention, ainsi en discourant auec vous, & en
vostre presence, quelles doiuent estre les mœurs d’vn grand Prince,
il se formera insensiblement en vostre esprit, vne idée de vostre
deuoir, & vous deuiendrez si sage, méme à vostre desceu, qu’on aura
de la peine à découurir qui sera le puisné en vous, de l’vsage ou
de la connoissance que vous aurez des vertus. Et dautant qu’il est
question de vous instruire, & que nous sommes toûjours plus intimes
& plus proches à nous mémes, que nous ne le sommes aux
choses qui sont hors de nous, il est à propos (ce me semble) que la
premiere découuerte de nostre entendement, commence par la
connoissance de ce que nous sommes : Et ainsi V. M. sçaura, s’il luy
plaist, que vous estes homme, que vous estes Chrestien, & que vous
estes Roy : Que comme homme vous auez vnion auec toute la nature
humaine, qui vous faisant entrer auec elle en la communauté
de tous les biens, & de tous les maux où elle est sujette, vous doit
rendre humain & traittable auec tout autant d’hommes qu’il y en