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Mazarinade n° A_9_2

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.


vaillant, & vn pointilleux ; tout homme vaillant est toûjours en
seureté ; tout pointilleux est ombrageux, qui est vne marque de
frayeur ; ce qui l’oblige de sauuer les apparences, & de tesmoigner
au dehors quelque vigueur, afin de mieux couurir cette foiblesse
interieure, dont il se sent conuaincu.
 
L. R. Il est vray qu’on ne m’a jamais dit, que ces scrupuleux
d’honneur fussent plus soigneux que les autres, de se signaler aux
occasions de mon seruice. Puis que leurs fausses maximes sont si
contraires au vray honneur, & au bien de mon Estat, j’aurois beaucoup
de joye de les en auoir des-abusez.
L. G. SIRE, Outre cette manie de duels, nôtre Noblesse s’est
laissée preoccuper d’vne autre, qui n’est gueres moins extrauagante ;
qui est, Que l’exercice de la Iustice est tellement inferieur à celuy
des armes, qu’vn Gentilhõme est soupçonné de déroger, quand
il seroit mesmes employé aux plus hautes charges de cette profession.
Ie ne sçay depuis quand on s’est infatué de cette fausse opinion,
dont nos Peres ne furent jamais abusez ; tesmoin cét edifice superbe
du Palais de Paris, qui estoit anciennement le Palais commun du
Roy, & de sa Iustice. La Cour des Pairs, qui connoissoit en ce lieu-là
de toute la Police de l’Estat, estoit alors composée des plus grãds
de la Noblesse & du Clergé ; & le Roy presidoit souuent en personne
en cette auguste Assemblée. Maintenant vn faux Braue, n’ayant
que l’espée, & point de cappe, peut-estre en tirant quelque mauuais
éclaircissement, ou vn Soldat en faction à la porte de son Capitaine,
fera acte de Gentilhomme ; & vn Chancelier de France, qui est l’organe
des volontez de Vôtre Majesté, & tous vos Parlemens ensemble,
qui jugent souuerainement de la vie, des biens, & de l’honneur
des Princes, des Pairs de France ; & generalement de tous vos Sujets,
& des droits mesmes de vótre Couronne, en faisant la fonction
de leurs charges, ne la feront pas de Gentilhomme. Cette merueille
me surprend. Patience, si vn faux raisonnement n’estoit conceu que
sur les bords du Tar ou de la Garonne ; mais que ce soit vn delire
commun de toute vôtre Noblesse, c’est où est mon estonnement :
La fortune & le cœur suffisent à vn Conquerant, mais à vn bon Iuge
toutes les vertus luy font besoin ; & particulierement celle qui fait
la Noblesse, qui est la vaillance, pour ne se laisser pas vaincre à l’auarice,
aux tendresses de la pitié, ny aux prieres de ses amis, qui sont de
rudes combattans. Ie me suis aussi mille fois estonné, comme le