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Mazarinade n° A_9_2

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.


que la crainte de Dieu est le commencement de sagesse. Mais on ne
m’a iamais dit quelle est la suite d’vn si beau commencement.
 
L. G. Ie supplie tres-humblement V. M. de me donner toute
son attention, sur ce poinct qui est le capital de ses mœurs. La suite
de ce diuin commencement de sagesse, qui est de craindre Dieu, est
de dire tousjours la verité ; qui est vne chose qui luy est si agreable,
qu’il a dit luy-mesme, qu’il estoit la Verité. Sans elle il n’y peut
iamais auoir aucun asseuré commercé entre Dieu & l’homme, ny
entre l’homme & l’homme. Car où en sommes-nous auec Dieu si
ses promesses sont fausses ; & auec l’homme, s’il n’y a vne entiere
conformité de sa pensée auec sa parole ? Les deux levres, qui sont
son organe, sont semblables, & se touchent tousjours, pour nous
apprendre, que la parole interieure, qui est la pensée, doit estre tousjours
d’accord, & n’auoir qu’vne mesme intelligence auec la parole
exterieure. Les destours dont on se sert pour déguiser la verité, sont
mouuemens de serpens, & d’vne ame ram pante, qui n’a pas la force
de se tenir debout. Sur ce propos i’admire la pensée d’vn moderne,
lequel recherchant la raison pourquoy le démentir est si in jurieux
parmy nous, n’en trouue point de meilleure, si non que qui dit à vn
homme qu’il ment, luy reproche qu’il est audacieux contre Dieu, &
timide auec l’homme. En effet, qui ment commet vne felonnie diuine,
pour authoriser vne foiblesse humaine. Il y auroit bien plus de
bien-seance quand nous auons fait quelque chose qui merite vn
desaueu, de chercher nos seuretez au pied de l’Autel, que d’auoir
recours à l’azile du Diable qui est le mensonge mesme. S’il est vray
que Dieu soit la Verité, quelle confiance, ie vous prie, peut-on prendre
au menteur, qui est conuaincu par sa propre conscience d’vne
trahison, dont il est luy-mesme le Iuge, le tesmoin, & le complice ?
Enfin, SIRE, Qui ment en choses indifferentes, s’exerce en la displine
du Demon. Qui ment pour en tirer du profit, trafique auec vn
faux poids & de fausses mesures. Qui ment par vanité, se paye d’vne
monnoye bien fausse. Qui ment pour excuser son vice, se decrasse
auec son ordure. Et pour conclusion, vn Roy menteur efface
en sa personne l’Image de Dieu, qu’il represente icy bas, pour y
rẽplacer honteusemẽt celle du Diable, qui est le pere du mensonge.
L. R. Mais comment, mon Gouuerneur, n’ay-je pas oüy dire
que qui ne sçait pas dissimuler, ne sçait pas regner ? Que vous semble
de la dissimulation, N’est-ce pas vne espece de menterie ?