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Mazarinade n° D_2_36

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M. L. [1650], DISCOVRS ET CONSIDERATIONS Politiques & Morales SVR LA PRISON DES PRINCES DE CONDÉ, CONTY, ET DVC DE LONGVEVILLE. , françaisRéférence RIM : M0_1120. Cote locale : D_2_36.


comblé de toutes les graces qu’il pouuoit raisonnablement
pretendre de la bonté de son Maistre, il n’a pas aprehendé de
faire des demandes insolantes ; & comme à force d’auoir receu
de biens, il s’est vû en estat de ne pouuoir plus rien obtenir,
il s’est voulu mettre en celuy de tout prendre.
 
Lettre du
Roy au
Parlemẽt.
Page 4.
Il y a long-temps qu’il auoit preueu qu’il en viendroit là ;
& qu’à moins de toute l’estenduë de la Monarchie, l’on ne
pourroit pas satisfaire à l’auidité de se appetits : aussi il y a
long-temps que l’on recognoist que sa Conqueste, ou plûtost
son vsurpation estoit le dernier but de toutes ses pensées.
Na-t’il pas corrompu tout ce qu’il luy a esté possible des Officiers
des trouppes Françoises, & ne s’est-il pas acquis de tout
son pouuoir ceux-là des Bandes Estrangeres. Quels rauages
ne leur a-t’il pas permis de faire, pour les acquerir par la licence
de leur crime ? toute la Champagne en est desolée, &
quantité de ses naturels l’ont abandonnée, & sont deuenus
Estrangers par l’inhumanité de ces bourreaux. Auec quel
soin & quelle chaleur a-t’il fauorisé ses Partisans, & que leur
a-t’on pû refuser dans la violence de ses poursuittes ? Quelles
caresses n’a-t’il pas fait aux disgraciez, & auec quel orgueil
ne leur a-t’il pas promis de les deffendre contre tout le monde.
Il a cajolé les Gouuerneurs des Places, luy-mesme en a
fait fortifier, & en a fait les frais de sa propre bource, il en a
arraché les vnes par violence, il a voulu auoir les autres par
surprise : Enfin il a fait l’ennemy dans l’Estat, mais vn ennemy
qui pretendoit estre bien-tost Souuerain.
Lettre du
Roy au
Parlement
Page 8.
Qui s’estonnera s’il est tombé ce jeune Phaëton, puis qu’il
vouloit monter dans le throsne du Soleil, & temeraire aueugle
conduire le char de la lumiere. Il y a déja long-temps que
nostre Monarque, le premier des Roys, comme Iupiter, le
premier des Dieux, deuoit l’auoir foudroyé. Nostre monde
n’auroit pas senty les embrasemens que par ces pernicieuses
conduites, nous ont fait souffrir ces feux temeraires. Ses pauures
peuples affligez n’auroient pas esté contraints de l’importuner
si souuent de leurs pitoyables souspirs, & ce Monarque
glorieux ne se seroit pas vû le Roy de tant de pauures miscrables.