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Mazarinade n° D_2_36

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M. L. [1650], DISCOVRS ET CONSIDERATIONS Politiques & Morales SVR LA PRISON DES PRINCES DE CONDÉ, CONTY, ET DVC DE LONGVEVILLE. , françaisRéférence RIM : M0_1120. Cote locale : D_2_36.


Mais les bons Princes qui sont les vrayes images de
Dieu sur la terre, imittent aussi bien sa clemence, comme ils
imittent son pouuoir. Auec combien de douceur & de generosité
Henry le Grand d’heureuse memoire pardonna-t’il au
Mareschal de Biron les fautes dont il luy demanda la grace ;
& dans celle qui luy fit perdre la vie, que ne fit-il point pour
l’inuiter à se repentir, & quelle patience n’eust-il point pour
attendre sa repentance.
 
La Reyne en a fait autant en faueur du Prince de Condé ;
& pour voir en luy naistre la moderation auec l’âge, elle a
souffert auec vne bonté particuliere toutes les boutades de sa
ieunesse. Elle a vû long-temps tous ses desseins sans s’y opposer,
& ne s’est resoluë à la violence contre cet incurable que
quand elle a iugé son mal sans remede. Ce n’estoit pas vne
petite espreuue à sa patience de le voir tous les iours se fortifier
contre l’Estat, en gagnant les trouppes qui le doiuent deffendre :
en se faisant des amis interessez à sa grandeur, en se
saisissant des Places les plus importantes en tranchant desja
du Souuerain par ses actions, & voulant faire tout plier
sous ses audacieuses pensées. La demande de Souueraineté
qu’il a si souuent osé faire ; La maxime qu’il auoit de tout entreprendre
pour regner & qu’il ne craignoit pas de faire sortir
de sa bouche : L’insolence auec laquelle il a menacé de
mener tous les iours deuant la Reyne vne personne qu’elle
auoit chassé & qui meritoit de n’entrer mesmes iamais dedans
le Royaume. L’insupportable audace ou plustost fureur,
de dire en plein Conseil qu’il feroit roüer de coups de
baton des Deputez qui estoient venus au Roy d’vne de ses
Prouinces, contre laquelle sa rage politique s’estoit déclarée.
Toutes ces choses & plusieurs autres que tout le mondesçait,
& dont la moins criminelle merite d’estre punie, ne
peuuent auoir esté souffertes que par vne bonté extraordinaire.
Lettre du
Roy au
Parlemẽt. page 7.
page 7.
page 11.
page 12.
Il faut que son naturel soit bien farrouche, puis qu’il n’a
pû s’apriuoiser aux charmes tous puissans d’vne si grande
douceur. La Politique de Lyuie n’auroit point garenty Auguste