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Mazarinade n° A_4_15

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Nicolaï, Antoine [?] [1649], HARANGVE FAITE A MONSIEVR LE DVC D’ORLEANS, PAR MONSIEVR NICOLAI PREMIER PRESIDENT EN la Chambre des Comptes. , françaisRéférence RIM : M0_1576. Cote locale : A_4_15.


artifices lasches & meschans. Ils sont d’autre costé trop feruens
dans leurs innocences pour les éspouuanter dans leurs poursuittes,
estans asseurez, que plus leurs actions passeront par
les mains de l’enuie & de la calomnie, plus elles en sortiront
nettes & esclatantes. Mais l’on se sert en ces actions de l’Authorité
Royale, on dit que c’est par le commandement du
Roy : Quelle apparence de voir que le Roy se lie les pieds
soy-mesme ? Ie puis dire auec asseurance, que ces actions ne
se faisoient autresfois de la sorte. Et ie puis citer l’exemple
de tous les Roys, de l’authorité desquels on ne se couuroit
pas pour faire ces violences : On peut dire aussi, que l’innocence
& la simplicité residoit en ce temps-là dans les cœurs,
que ces Compagnies estoient les retraites de la Vertu, que ses
Magistrats y estoient appellez par le merite, & non pas par
argent ; au lieu que maintenant la venalité des Offices a fait
que ceux qui estoient les plus ennemis de la Iustice sont plus
aspres à en rechercher les Charges, de sorte qu’il semble
qu’elles ne seruent que pour mettre à couuert leurs crimes
& leurs violences, & les faire rougir du sang qu’ils ont tiré
des veines des peuples. On ne doit point trouuer estrange si
ie me sers de ces paroles que dist autres fois vn. Corsaire à
l’Empereur Trajan, qui dans la correspondance qui se trouue
entre les Princes & ses Suiets, la Souueraineté est foible &
languissante, & les peuples viennent souuent à perdre la crainte
du mal, ne perdant la crainte du bien. Le feu sacré estant
autrefois gardé par les Vierges Vestales, alors qu’il estoit esteint
il n’estoit pas permis de l’allumer qu’aux rayons du Soleil.
Ce feu sacré est celuy qui conserue les Iuges, qui se communique
aux peuples par la Iustice qu’ils rendent : que si ce
feu vient à estre esteint, nous ne sçaurions le r’allumer qu’aux
rayons de la Puissance souueraine, qui est nostre Soleil, d’où
nous tirons toute nostre lumiere. L’Authorité Royale ressemble
à l’ame qui anime le corps, qui ne peut estre diuisée
ny en soy ny du corps, sans estre cause en mesme temps
de la ruine de son tout qu’à la confusion ; & dont si cette
Puissance est diuisée, si des Particuliers & des Partisans s’en
seruent pour venir à bout de leurs pernicieux desseins. Si on
nous ferme la bouche, on nous veut faire passer vne balle
d’Edicts, dont nous ne voyons que la couuerture. Que si
nos bouches sont fermées, & si nos mains sont liées, pour