[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_4_15

Image de la page

Nicolaï, Antoine [?] [1649], HARANGVE FAITE A MONSIEVR LE DVC D’ORLEANS, PAR MONSIEVR NICOLAI PREMIER PRESIDENT EN la Chambre des Comptes. , françaisRéférence RIM : M0_1576. Cote locale : A_4_15.


fasse passer deuant les yeux des oppalles pour des diamans,
& que l’on me fasse aualer des boutons de fer pour des pillules
certaines. Non, car ie puis dire en verité que les remedes
sont plus propres à nourrir & fomenter le mal qu’à le
guerit. Noé fit faire les fenestres de l’Arche où il se retira,
non du costé d’où il peust découurir la misere vniuerselle, &
estre tesmoin de la mort d’vn infinité de personnes, d’autant
qu’il n’y voyoit aucun secours, & que quantité de charognes
auroient peu infecter l’Arche, il la fit faire au haut, par ce
qu’il ne pouuoit attendre son secours que du Ciel. Ainsi de
quel costé que la France se tourne, on ne void que miseres
& desolations ; il faut qu’elle leue les yeux en haut, puis qu’elle
ne peut attendre son secours que de ce costé-là, on tasche
d’oster à leurs Maiestez la veine des miseres de son peuple,
de peur que leurs cœurs estans attendris par vn si pitoyable
spectacle, ils ne fissent cesser les violences dont ils vsent pour
les augmenter. Les Poëtes feignent que Cerés voyageant
pour trouuer sa fille qu’elle auoit perduë, faisoit porter ses
flambeaux deuant elle, allumez au feu du mont Etnat, &
qu’en mesme temps qu’elle voyageoit, elle espandoit vne abondance
de fruicts sur ses peuples. Sa Maiesté est deuenuë dans
ses actions & dans le pas qu’elle fait voir sa Iustice, non pas
des feux materiels, comme ceux du mont Etnat, mais par des
feux spirituels qui tirent toute leur lumiere du Ciel, dont la
Iustice est descenduë. Les Iuges aussi esperans que sa Maiesté,
à l’exemple de cette Deesse, respandra ses fruicts de ioyes &
de paix & de fidelité sur ses Suiets ; cette esperance fait que le
peuple ne s’abandonnera pas au desespoir, auquel il se void
entierement plongé, s’il n’estoit arrosé de la benignité & clemence
du Roy : Nous esperons aussi estre protegez en sa bonté
dans les persecutions qu’excitent contre nous des particuliers,
qui ne souhaittent rien auec plus de passion que de voir
nostre Authorité aneantie. Celuy qui sçait n’est il pas obligé
de dire ce qu’il sçait, lors qu’il y va du seruice du Roy Ie sçay
qu’il y a des personnes tellement ennemies des Compagnies
Souueraines en general, & de leur chef en particulier, qui ont
pratiqué toutes sortes de moyens pour rendre leurs actions
criminelles aux yeux de la Reyne Regente & de son Conseil.
Mais nostre grande Reyne a la veuë trop perçante, & est trop
bien informée de leur fidelité, pour se laisser surprendre à ces