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Mazarinade n° D_1_9

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Saint-Joseph (révérend père dom Pierre de = R. P. D. P. D. S. J.) [1649], CATECHISME DES PARTISANS, OV RESOLVTIONS THEOLOGIQVES touchant l’Imposition, Leuées & Employ des Finances, Dressée par Demandes & Responces, pour plus grande facilité. , françaisRéférence RIM : M0_652. Cote locale : D_1_9.



R. Oüy, mais non pas en la maniere que l’entend la Polytique de Machiauel ;
mais en celle que nous aprenons de l’Euangile : c’est à dire qu’exerçant la Iustice de
Dieu sur les hommes, il a droit de leur oster la vie, ou de la leur conseruer, conformement
aux Loix de Dieu, & non autrement ; ou à celles qu’il a establies, & qui ne
derogent point à celle de Dieu, s’il ne veut pecher. Car c’est vne chose qu’il faut
bien obseruer, ce qui sert comme de fondement aux responses qu’on doit faire à
toutes les questions qui se peuuent proposer en ces matieres. Que les Roys ne sont
pas d’eux mesmes absolus & independans, qu’il n’y a que Dieu qui possede cette
perfection par soy-mesme & de soy-mesme, & qu’ils dependent absolument de luy,
& ne peuuent rien au delà de ses loix, ny de ses ordonnances, comme les Gouuerneurs
des Prouinces sont obligez de suiure les ordres & les commandemens des Rois.
Et c’est pour cette raison que dans l’ancien Testament il estoit ordonné au Roy de
prendre le hure de la Loy de la main du Prestre : & que dans celuy de la Nouuelle
alliance, on luy fait baiser celuy de l’Euangile, lors qu’il assiste au sacrifice auguste
du Corps de Iesus Christ, pour luy monstrer l’obligation qu’il a de suiure les ordres
de Dieu & de l’Euangile, & la protestation continuelle qu’il fait de les obseruer.
Ainsi le droict de vie & de mort qu’a le Souuerain sur ses subiets, doit estre reglé
par ces regles diuines & infaillibles, lors qu’il s’agist ou de tirer vengeance des crimes
ou de tirer vengeance des crimes ou de pardonner aux coulpables. Et c’est sur
ce fondement que S. Paul les propose comme redoutables, n’ayant pas inutilement
le glaiue à la main : & que le Chancelier refuse de sceller les lettres de grace, lors
qu’il voit qu’elles ne sont pas dans l’ordre de la Iustice.
D. S’il y a des imittes au pouuoir des Roys touchant la vie des hommes, y en a
t’il aussi en ce qui regarde leurs facultés ? Le Roy n’est-il pas le maistre de tous les
biens de ses subiets ? N’a-il pas droict d’en disposer selon son plaisir, sans autre motif
ny consideration que sa seule volonté ? En sorte que quand il prendroit tout, il
n’vseroit que de son droict, & s’il en laisse quelque chose, c’est vne grace & vne
aumosne qu’il fait de laquelle on luy a obligation, & à laquelle il n’estoit point
obligé ?
R. Nullement. Ce sont des maximes impies, damnables, & abominables, qui
ne sçauroient estre approuuée ny authorisées parmy les peuples les plus barbares &
les plus dénaturez, & qui n’ont esté inuentées que depuis quelques années par des
sangsuës populaires, par des hommes de gourmandise, de luxure & d’auarice, pour
seruir de pretexte aux vols & aux violences qu’ils ont faites à l’oppression de tout
le monde, qui sont cause des troubles & des mouuemens que nous voyons à nostre
grand regret, & dont les sentimens auroient esté tous contraires s’ils auoient esté
en estat d’estre pressez, au lieu que non pas leur merite, mais la fortune ou le mauuais
Genie de la France es auoit mis en celuy de mettre les autres au pressoir, afin
d’en exprimer le sang, comme ils ont fait presque iusqu’à la derniere goutte. Il faut
donc raisonner sur les biens, de la mesme sorte & par proportion que sur les vies, &
mettre en tout & par tout les loix de Dieu, de l’Euangile & de la Charité, comme
vn flambeau pour seruir de conduite, afin d’euiter les écueils & les precipices qui se
rencontrent dans les fonctions de la puissance souueraine.
D. Et quoy le Roy n’a-il pas le pouuoir de faire des impositions & des leuées sur
ses Peuples ?
R. Ouy. Aussi ne sçauroit-on tirer le contraire de ce que nous venons de dire,
où nous n’auons respondu qu’à la folie des impies, qui voulant tout mettre en la liberté
du Roy & vie & biens, sans autre regle, ny saison, que sa seule volonté, iustifieroient
les cruautés des plus barbares & rendroient les plus cruels tyrans impeccables