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Mazarinade n° A_3_31

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Anonyme [1649], L'ANTI DESINTERESSÉ OV L’EQVITABLE CENSEVR DES LIBELLES SEMEZ DANS PARIS SOVS LE NOM DV DES-INTERESSÉ. COMMENCANT PAR CES MOTS, Pauure Peuple abusé; Desille les yeux, & tendant à des-vnir les Habitans de cette Ville d’auec les Princes & le Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_87. Cote locale : A_3_31.


cœur que l’obeïssance que nous luy deuons : Nous qui ne sommes
à present armez que pour l’arracher des mains perfides qui nous l’ont
osté ? Quelle calomnie & quelle effronterie ?
 
Il passe neantmoins encore à vne autre plus insupportable, soustenant
que par nostre rebellion nous luy rauissons l’auantage de cõclure
la Paix la plus glorieuse que la France ait faite depuis l’origine
de la Monarchie : Qui ne sçait que cette bien-heureuse & desirable
Paix a tousiours esté le plus cher objet de nos vœux & de nos souhaits
les plus ardens : & ce lâche escriuain ignore-t’il aussi vne verité connuë
de tout le monde, que Mazarin seul & ses adherans se sont opposez
à cette felicité vniuerselle ? Ce qui demeure hors de doute depuis
que nos Ennemis mesmes l’ont enuoyé certifier à nostre Parlement.
Sans doute qu’il n’attendoit pas vne si puissante conuiction
de la fausseté qu’il auance en cét endroit.
Peuple, qu’il appelle abusé, ne iuges-tu donc pas qu’il te veut abuser
luy-mesme ? & te traittant de rebelle, titre si indigne de ta fidelité
& de ton zele. Pourras tu estimer qu’il te donne des auis que tu doiue
suiure, ou plustost douter que tout ce qu’il dit, il le dit en imposteur
& en calomniateur ? Croiras-tu desormais que le Parlement
veüille s’approprier la Puissance Souueraine ? Que ces Princes qui
nous defendent cherchent à s’enrichir à nos dépens ? & que nostre
digne Coadjuteur soit coupable au point qu’il le fait ?
Si cét Auguste Corps du Parlement n’auoit autre dessein que de
vanger quelques-vns de ses mẽbres irritez sans aucun sujet, seroit-il
possible que tant d’autres Cours Souueraines se voulussent ioindre
en leur cause, & que tous ces grands hommes dont elles sont composées,
pûssent estre également susceptibles de la mesme erreur ?
Y a-t’il aussi apparence que ces illustres Princes n’eussent pas plus
d’affection enuers la cause publique qu’il n’en presuppose : & qu’ils
ne soient pas plus animez en cette occasiõ par les motifs de l’hõneur
& de la gloire que par celuy d’vn sordide interest de s’enrichir ? Nõ, il
n’est pas croyable qu’ils s’exposent si courageusement que nous les
voyõs, à autre fin que de faire gouster à cét Empire les douceurs que
luy auoient promises l’innocence de nostre ieune Louys, & que les
vsurpateurs de son authorité en ont bannies par leur cruelle politique.
Et l’exemple du Prince Thomas qui reprit toutes les places du
Piedmont sur les Espagnols, quoy que sa femme & ses enfans fussent
entre leurs mains, ne nous fait rien apprehender de semblable.
Nous ne sommes pas Ennemis, nous sommes Subjets tres-affectionnez
du Roy : nos Generaux connoissent l’equité de la cause qu’ils