[retour à un affichage normal]

Mazarinade n° A_3_31

Image de la page

Anonyme [1649], L'ANTI DESINTERESSÉ OV L’EQVITABLE CENSEVR DES LIBELLES SEMEZ DANS PARIS SOVS LE NOM DV DES-INTERESSÉ. COMMENCANT PAR CES MOTS, Pauure Peuple abusé; Desille les yeux, & tendant à des-vnir les Habitans de cette Ville d’auec les Princes & le Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_87. Cote locale : A_3_31.

protegent : & les marques que nous auons de leur bonne volonté ne
consistent pas tant dans les Ostages qu’ils nous ont donnez, bien que
tres considerables, que dans les peines & les soins qu’ils prennent
iournellement pour nous.
 
C’est auec aussi peu de raison, qu’il suppose que le Prince de Conty
a esté débauché par son beau-frere : car ce Prince a trop de iugement
& de religion pour se laisser emporter à d’iniustes projets : mais
la seule Iustice l’a porté, malgré d’autres sentimens que luy inspiroiẽt
la Nature, à rõpre auec vn frere & à venir défendre celuy dont
le bon droit luy estoit tout éuident.
Ces impertinences du Des-interessé persuadent aisément le contraire,
de ce qu’il soustient que le Duc de Longueuille n’est auec
nous que parce qu’on luy a refusé le Havre : S’il a quelque mescontentement
il vient plustost des indignitez qu’il a essuyées en sa negociation
à Munster : mais i’estime qu’il sacrifie volontiers cet interest
à celuy du public, & que son bien seul est maintenant l’ame de
ses intentions.
Les effets que nous auons desia sentis de la vigilance & du zele
du Duc d’Elbeuf oblige Paris plus que sa rhetorique naturelle à pẽser
qu’il n’a pour objet que la gloire d’establit le repos de cét Estat &
d’ẽchasser cõjointemẽt auec les autres Chefs tous les perturbateurs.
Le Duc de Boüillon est pareillement trop équitable pour rien
desiter au preiudice de cette Couronne : Et nous ne sçauõs pas moins
ce que nous deuons à nos Liberateurs pour leur accorder aucune
chose au desaduantage de ce Royaume.
On n’a garde aussi de se persuader que le Coadjuteur entreprenne
rien à dessein de se vanger : & la vertu par tout éclatante de ce
grand Prelat dément assez son calomniateur.
Voyez donc, chers Habitans, quelle est la candeur de ce donneur
d’auis : & ne vous fiez point à ce Nil qui cache ses débordemens
sous le tranquile flux de ses eaux : à ce serpent qui jette son
venin au trauers des fleurs : à ce fin empoisonneur qui presẽte la mort
dans vn breuuage sucré : en vn mot, à ce subtil Politique qui vous
veut cõduire à vostre perte sous les pretextes specieux de vostre biẽ.
Mais son iniustice ne paroist pas seulement à blasmer toutes ces
illustres testes, il faut quelle se consomme à vouloir rendre innocent
le plus coupable des mortels, & que ie ne sçaurois nommer qu’auec
horreur : Ce Cardinal, dit son Apologiste, qu õ déchire & noircit tãt,
n’a aucune place : il a biẽ sceu cõtribuer à accroistre le Royaume de
Prouinces entieres, mais non en retenir la moindre pour luy : il fait