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Mazarinade n° B_12_48

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Anonyme [1652], LA VERITÉ DE CE QVI S’EST passé à Paris en trois fascheuses rencontres. CONTRE LES IMPOSTVRES contenuës en la Lettre Mazarine, du Bourgeois desinteressé. AVEC LA RESPONSE A LA LETTRE escrite par le Cardinal Mazarin, sous le nom du Roy, au Parlement de Roüen. , françaisRéférence RIM : M0_3986. Cote locale : B_12_48.


& par autres moyens, s’estolent glissez dans Paris, qui est vne forest
où toutes sortes de bestes farouches se peuuent cacher aisément. Se
faut-il estonner, si vne emotion de tant de mauuaises & contraires humeurs,
a causé vn furieux accez de fievre, & vn deplorable sincope,
 
Pour montrer que nos Princes sont accusez faussement par le faux
Bourgeois, d’y auoir contribué quelque chose ; nous sommes obligez
de manifester quatre ou cinq veritez, qui écarteront autant de calomnies.
En premier lieu, que le Gouuerneur, & Preuost des Marchands
de Paris, principaux autheurs de l’Assemblée, auoient choisi tous
seuls les cinq compagnies de Bourgeois qu’ils appellerent pour enuironner
la Maison de Ville, ce que les Princes n’auroient iamais permis,
s’ils eussent eu le moindre dessein de faire quelque violence.
En second lieu, comme les Princes laisserent prendre toutes leurs
precautions à Messieurs de la Ville, & trouuerent bon qu’ils eussent
muny de plus de mille hommes toutes les aduenuës de la Greve, ils
ne peuuent estre soupçonnez d’auoir contribué au peu d’effort que
firent tant de Bourgeois bien armez, qu’on croyoit estre affidez à
ceux qui les auoient fait venir. Donnons vne touche en passant à l’autheur
de la Lettre qui ose dire impudemment, que tous les bons Bourgeois
de Paris estoient portez à receuoir le Cardinal Mazarin. Disons
au contraire qu’on a remarqué clairement, qu’aussi-tost que les Parisiens
voyent qu’on hesite tant soit peu dans le Parlement, ou dans la
Maison de Ville, à conclure tout ce qui peut chasser le Cardinal Mazarin,
on void que le bon Bourgeois, ou veut attaquer, ou ne veut
point defendre les personnes qui n’entrent pas dans ses sentimens, n’estant
pas question de parler de ceux qui sont appellez canaille par les
flatteurs du Cardinal Mazarin, mais des meilleurs Citoyens, qui tesmoignent,
ou dans leurs actions, ou dans leur retenuë, la iuste auersion
qu’ils ont conceuë contre celuy qu’ils tiennent pour le plus dangereux
ennemy du Roy, & de leur païs. Les Officiers sçauent qu’il fait
cesser l’exercice de leurs charges, & en rauale le prix, les Marchands
n’ignorent pas que les pirateries ont ruiné le commerce, & les artisans
sentent que le trafic n’allant plus, ils demeurent sans employ,
& quant & quant sans pain.
3. On ne peut point penser que les Princes soient autheurs de tous
les defauts qui se trouuerent dans la Maison de Ville, qui estoit sans
garde suffisante au dedans, sans armes, sans poudre, sans balles, sans
meche, sans pain, sans vin, sans eau, sans chandelle ; de sorte qu’on
peut dire, que ces manquemens sont les principales causes du massacre