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Mazarinade n° B_12_48

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Anonyme [1652], LA VERITÉ DE CE QVI S’EST passé à Paris en trois fascheuses rencontres. CONTRE LES IMPOSTVRES contenuës en la Lettre Mazarine, du Bourgeois desinteressé. AVEC LA RESPONSE A LA LETTRE escrite par le Cardinal Mazarin, sous le nom du Roy, au Parlement de Roüen. , françaisRéférence RIM : M0_3986. Cote locale : B_12_48.


les peuples, restably la Iustice, & mis l’abondance par tout, que
celuy qui est le pere du public, l’amy des Magistrats, & qui est touché
sensiblement par les miseres generales & particulieres des François ?
Qui auroit estouffé les guerres ciuiles, qui sont émeuës pour
maintenir la fortune du C. M. que celuy qui ne demande rien que
l’éloignement de l’Autheur de toutes nos dissentions ? Les fideles protestations
de son Altesse Royale, sont autant de cautions dans plusieurs
registres eternels ; mais nous n’en voulons point d’autres, que
son bon naturel, & ses vertus acquises.
 
Pour ce qui regarde Monsieur le Prince, se peut-on imaginer qu’il
aye intention de renuerser le Royaume, auec ces mesmes mains qui
l’ont si fortement appuyé, qui ont gagné tant de batailles, forcé
beaucoup de Villes, qui ont non seulement soustenu, mais embelly
la Couronne de nos Roys, par plusieurs belles pieces attachées, &
que le C. M. dissipe tous les iours, comme il a fait les joyaux de la
maison Royale, qui n’en a plus ? Trouuera-on vn extrauagant hors
de ce mercenaire, soy disant bon Bourgeois, qui osera contredire ceux
qui asseureront, qu’en la personne du Prince de Condé, la France se
peut vanter d’auoir vn jeune Capitaine, qui a commancé là où les
plus experimentez de l’antiquité ont acheué ? Qui a plus gagné de
batailles, fait de combats, & pris de places, que les plus vieux Mareschaux
de France n’en ont veu ou attaqué ? En vne seule chose ce
Prince est mal-heureux auec nous, que ses lumieres, & ses ardeurs
soient à present employées dans vne guerre ciuile, entreprise par vne
pure contrainte : à sçauoir pour se garentir d’oppression, & chercher son
salut dans celuy de l’Estat, contre vn Estranger qui en veut estre le
Maistre, ce qui est sans exemple. N’est-ce pas vne infortune extréme
que ce Prince, qui auoit triomphé de nos anciens ennemis, en Allemagne,
en Flandres, & en Espagne, soit obligé de se deffendre contre
ses anciens amis, & de nous proteger contre vn homme, auquel
nous auons laissé vsurper la puissance, qu’il employe pour nous faire
perir. N’est-ce pas vne chose déplorable, qu’apres tant de beaux explois
dans les pays estrangers, le Roy aye veu, & Paris contemplé, ce
genereux Prince de Condé forcé par la raison, & par les loix du Royaume,
de soustenir l’espée à la main, les veritables interests de l’Estat,
contre les intentions presentes d’vn Roy de quatorze ans, inspirées
par son plus grand ennemy.
Si l’auis que nous auions, qu’il cherchoit principalement la vie
de celuy, qui nous deffendoit auec tant de vigueur, & de conduite,
nous jettoit dans vne extréme apprehension : Nous dirons aussi,