[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_5_21

Image de la page

Anonyme [1649], LE BON ET LE MAVVAIS FRANÇOIS EN CONTRASTE, SVR LE SVIET DE LA GVERRE passée, & sur celuy de la Paix presente. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_586. Cote locale : C_5_21.


Officiers de la Couronne, estoient tous de cette haute
entreprise. Mais comme ce n’est pas à nous de parler de
ces Augustes personnes, qui sont irreprehensibles, il les
faut laisser là, il y a plusieurs Autheurs anciens & modernes,
qui ont pris la hardiesse & le soin d’instruire ces
Princes, & de proposer amplement quelle doit estre leur
vie & leur conuersation.
 
Ergaste. Pour vous dire mon libre sentiment sur la nouuelle
matiere, qui s’est insensiblement presentée, i’ay
tousiours blasmé ceux qui ont voulu proposer des Loix,
& des façons de viure aux Princes, qui sont les Maistres
des Loix, & qui les donnent aux autres. Ce sont des
Dieux en terre, & comme tels, il faut croire qu’ils
font bien tout ce qu’ils entreprennent, & que de vouloir
disputer & reuoquer en doute leurs belles actions, ce
n’est autre chose que de vouloir attaquer le Ciel.
Floridor. Ie connois bien que suiuant le prouerbe, vous
voulez demeurer loin de Iupiter & de son foudre, sur
l’asseurance que vous aurez de n’estre point accusé de ce
que vous auez teu. Vous pratiquez ce que quelqu’vn a
dit, que blasmer les Princes est vn danger, & que les
loüer est vn mensonge.
Ergaste. Pardonnez moy si ie vous dis que ie n’ay point
pensé à cela. I’estime que les Rois & les Princes tiennent
de la Diuinité, & par consequent ie ne croy pas
qu’ils puissent aisément faillir, ou faire chose indigne du
rang qu’ils ont : C’est pour quoy assez legerement i’ay crû
que la guerre que nostre Monarque auoit declarée à Paris
estoit iuste, puis qu’il auoit eu enuie de la faire.
Floridor. Sans respondre à ce que vous venez de dire, il
faut que ie vous fasse sçauoir, que ie me ris de certains
hommes curieux, qui discourans des affaires du monde,
& ne sçachans pas les secrets des hautes pensées du Pape,
de l’Empereur, du Roy, & du grand Turc, donnent à
leurs glorieux faits mille mauuaises interpretations, &
s’imaginent follement que ces grands Princes soient imbecilles,