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Mazarinade n° C_5_21

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Anonyme [1649], LE BON ET LE MAVVAIS FRANÇOIS EN CONTRASTE, SVR LE SVIET DE LA GVERRE passée, & sur celuy de la Paix presente. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_586. Cote locale : C_5_21.


chose, dont ils ne doiuent receuoir de la loüange plustost
que du blasme. Les actions des Princes sont irreprehensibles,
inconnuës à nostre iugement, & qui ne se peuuent
interpreter. Bien souuent ceux qui nous semblent estre
cruels, sont iustes ceux que nous croyons ne faire pas la
iustice, sont misericordieux : & ceux qui establissent de
nouueaux Imposts, sont pris pour des auarres ; & ils sont
prudens, & n’agissent ainsi que pour le repos, & la conseruation
de leur Estat, & de leur peuple, tellement
qu’il se peut faire que nostre mauuais iugement qui nous
trompe, nous fait croire vicieux, les plus vertueux Princes
du monde.
 
Ergaste. Voulez-vous attribuer toutes ces perfections à
tous les Princes ; puis que les Histoires sont plaines de la
mauuaise vie de plusieurs Empereurs, & d’vn grand
nombre de Roys ?
Floridor. Ces Princes là ne l’estoient pas par Nature,
mais par la violence : & pour ce qu’ils n’estoient point éclairez
de la lumiere de la Foy, ils estoient cruels & barbares,
& se faisoient plus craindre, qu’aymer. Ces Tyrans
estoient iniustes, infidelles, lassifs, impudiques, &
ils aymoient les meschans, & persecutoient les bons. Ils
vouloient que pour regner, il fût permis de rompre les
Loix, & c’est ce qui fait qu’il ne se faut pas estonner, si
l’on voyoit suruenir à ces Tyrans vne mort violente, ou
par le fer, ou par le poison. Au cõtraire de cela, les Princes
de nostre siecle sont legitimes, Chrestiens, Doctes,
Prudens, & enuoyez de Dieu, pour maintenir la Iustice
en la terre, nous defendre, chastier les insolens, bannir
les bouffons & les flatteurs, & recompenser les vertueux.
Ergaste. Par ces raisons, nous n’auons point de droit
de nous plaindre, ny de nostre ieune Monarque, ny de
la Reyne Regente sa Mere, de la misere qu’ils ont si
long-temps fait endurer à Paris par leurs armes.
Floridor. Non, & de tous les malheurs qui nous sont arriuez,